Il y a deux jours, des responsables sionistes ont exprimé leur surprise après la conclusion d’un accord par l’administration américaine avec les Houthis, visant à mettre fin aux attaques mutuelles. Ce qui a particulièrement étonné l’entité sioniste, c’est que cet accord a été négocié sans que les autorités israéliennes en soient informées au préalable.
Plus préoccupant encore, l’accord ne contient aucune exigence envers les Houthis de cesser leurs attaques contre les navires sionistes. Ce silence sur la protection des intérêts israéliens révèle une gestion des relations internationales de plus en plus indépendante de Washington vis-à-vis de Tel-Aviv.
Cet incident met en lumière une réalité stratégique nouvelle: les États-Unis semblent gérer leurs priorités au Moyen-Orient sans nécessairement prendre en compte les préoccupations de Benjamin Netanyahou. Si cet accord peut être vu comme une initiative visant à stabiliser la situation avec les Houthis, il témoigne également d’une approche pragmatique où les considérations israéliennes ne sont plus systématiquement une priorité.
Netanyahou aime à rappeler que la relation entre l’entité sioniste et les États-Unis est le socle stratégique de son pays. Pendant des décennies, cette alliance a été perçue comme indéfectible, fondée sur des intérêts communs, une proximité idéologique et des valeurs partagées. Mais aujourd’hui, elle apparaît pour ce qu’elle est devenue: un accord utilitaire, tendu, parfois trompeur, où le langage diplomatique masque de profondes divergences.
Depuis le retour de Donald Trump sur le devant de la scène politique, Netanyahou continue de miser sur lui comme partenaire privilégié. Pendant son premier mandat au Bureau Ovale, Trump lui avait offert un soutien inconditionnel: transfert de l’ambassade américaine à Al Qods occupée, retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, et bénédiction des accords de normalisation avec plusieurs pays arabes. Ce soutien avait consolidé l’image de Netanyahou en stratège incontournable, à la fois chez lui et sur la scène internationale.
Mais en 2025, ce lien s’est affaibli. Trump n’offre plus de garanties absolues, seulement des gestes tactiques. La prudence domine. Il veut éviter une guerre régionale qui pourrait plomber les intérêts américains et l’économie mondiale. Quant à Netanyahou, il continue de manœuvrer contournant les mises en garde de Washington et utilisant l’appui américain comme levier politique interne, quitte à s’écarter des lignes rouges fixées par son allié.
Cette relation vacille car elle est désormais dénuée de vision commune. L’un agit pour sa survie politique, l’autre pour préserver sa stature stratégique sans s’enliser dans un nouveau conflit. Le soutien américain devient, ainsi, conditionnel. La déclaration récente du Département d’État américain sur les opérations à Rafah, appelant Israël à respecter le droit international, en témoigne.
L’alliance entre l’entité sioniste et les États-Unis, longtemps présentée comme «éternelle», repose aujourd’hui sur un fil. Elle n’est plus le fruit d’une convergence historique, mais le résultat d’un marché d’intérêts immédiats. Et les limites de ce soutien apparaissent clairement à mesure que les crises s’accumulent autour de Netanyahou.
L’homme qui se voulait l’incarnation du lien indéfectible avec Washington incarne désormais un style de leadership fondé sur la défiance, la manœuvre et l’opportunisme. Au risque de fragiliser durablement la position internationale de l’entité sioniste, et de compromettre une relation qui fut autrefois l’un de ses plus puissants atouts.
Reste à savoir si les Arabes vont saisir cette occasion et exploiter cette rupture annoncée entre Trump et Netanyahou afin de mettre fin au calvaire des Palestiniens dans la bande de Gaza.
J.H.