Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La guerre entre l’Iran et l’entité sioniste est en passe de virer vers une guerre de clans, à savoir Israël et ses alliés contre la République islamique d’Iran, la Chine, le Pakistan et la Corée du nord. Se Dirigerons-nous vers un conflit généralisé ou finalement la diplomatie va l’emporter?
L’attaque de grande ampleur d’Israël contre l’Iran est une vraie guerre, appelée à durer long-temps ; elle va avoir des conséquences profondes et redoutables sur les rapports de force et la sécurité au Moyen-Orient. Il est encore trop tôt pour les identifier toutes, mais on peut en retenir trois : les premières ont trait au passé récent de la région, que la campagne israélienne prolonge dans deux dimensions; elle est une guerre préventive, dont la réussite finale est suspendue à un changement de régime à Téhéran; la dernière à l’enfermement d’Israël dans un destin guerrier. Les conclusions du site spécialisé Telos évoquent deux scénarios
il se peut que l’offensive aérienne israélienne provoque la confusion, le désarroi et la chute du régime iranien ; que lui succède un régime décent, qui renonce au nucléaire et choisisse, avec les Émirats et l’Arabie Saoudite, le partenariat avec Israël sous le patronage des États-Unis. Un Moyen-Orient transformé pourrait en résulter, qui rassemblerait les puissances contre les Frères musulmans et le terrorisme sunnite, principales sources de trouble dans la région de-puis 2001.
La deuxième possibilité serait que sa force de résistance, ayant été émoussée par l’efficacité des attaques israéliennes, l’Iran conclut un accord avec les États-Unis selon les lignes que ceux-ci vont proposer, à savoir l’arrêt de tout enrichissement sur le sol iranien, et que, dans la foulée, Trump impose rapidement un cessez-le-feu à Israël. Dans cette hypothèse, ce serait Trump le vrai vainqueur de cette guerre, qui se conclurait par un «deal», alors que Netanyahu, opposé à toute solution négociée avec le régime de Téhéran, serait frustré des fruits de sa victoire. Cela étant, l’Iran pourrait toujours compter sur ses alliés et à leur tête la Russie qui a profité de l’aide irakienne dans sa guerre contre l’Ukraine.
Flou et ambiguë...
Selon l’analyste politique Rafael Poch, plusieurs hypothèses se présentent à ce stade de la guerre, à savoir la Chine et la Russie vont-elles aider l’Iran d’autant que l’Iran a aidé la Russie en Ukraine ? Et d’ajouter: « Il est maintenant dans l’intérêt de la Russie que l’Occident diversifie son action militaire en dehors de l’Ukraine. La Russie entretient une relation ambiguë avec Israël, où vivent plus d’un million d’anciens citoyens de l’URSS. La Russie enverra-t-elle des batteries antiaériennes de pointe qui ont jusqu’à présent été refusées par le Kremlin et dont Moscou a besoin sur son propre terrain, d’autant plus face à la possibilité d’un deuxième front contre les pays de l’OTAN dans la Baltique et le nord de la Russie? Quant à la Chine, elle est le principal destinataire du pétrole iranien. L’Iran est un élément essentiel de la grande stratégie de la Chine d’intégration eurasienne de la Nouvelle Route de la Soie. Les trois pays ont signé des alliances. Vont-ils faire quelque chose ? S’ils ne le font pas, quel avenir alors pour leur alliance, à savoir l’Organisation de sécurité et de coopération de Shanghai et les BRICS? Interrogé à ce sujet, l’analyste politique, Dr Sahbi Khaldi, nous a confié: «On a assiste à un vrai jeu de poker. Il y a, en effet, beaucoup de bluff et celui qui va maîtriser la guerre médiatique va finalement avoir un pas d’avance sur son adversaire».
M.B.S.M.