Par Hassan GHEDIRI
L’Etat, qui cherche par tous les moyens à réduire ses dépenses, croit pouvoir économiser plusieurs milliards en supprimant des agences et organismes publics «inutiles»…
Cela fait un bon bout de temps que le Président de la république évoque la nécessité de faire du « ménage » dans l’organisation des entreprises et établissements publics. Il ne cesse en effet de pointer du doigt les agences et institutions publiques jugées trop nombreuse, onéreuses et parfois clonées sur d’autres structures. En recevant, avant-hier mercredi, la cheffe du gouvernement Sarra Zaafrani Zanzri, Kaïs Saïed a, une nouvelle fois, insisté sur la nécessité de reformer certains établis-sements et de se passer des agences et organismes devenus, selon lui « inutiles ».
En janvier dernier, après la promulgation du budget de l’Etat 2025, Saïed a révélé son intention d’engager « une purge » dans les agences publiques. Ces dizaines d’entités dont la mission est par-fois très ambiguë et auxquelles sont allouées chaque année des sommes considérables d’argent pu-blic sans pour autant avoir un impact réel sur le développement et la réduction des disparités. «Nombreuses sont les institutions devenues inefficaces tout en épuisant les fonds publics, à l’image d’agences et d’organismes affiliés à certains ministères dont le budget alloué avoisine les 500 mil-lions de dinars», avait-il souligné le 21 janvier en recevant au palais de Carthage l’ex-chef du gou-vernement, Kamel Maddouri, et les ministres chargés des Finances et des Affaires sociales.
Argent public dilapidé
Ce sont les agences et organismes opérant dans le domaine de la promotion des investissements qui semblent être particulièrement visés par les critiques du président. Alors que la plupart des pays se contentent d’un interlocuteur unique en ce qui concerne la gestion des investissements, la Tunisie dispose, rappelle-t-il, d’un Conseil supérieur de l’investissement, d’une Instance tunisienne de l’investissement, d’un Fonds tunisien de l’investissement, et de quatre agences distinctes: la pre-mière dédiée à l’investissement extérieur, l’autre à l’investissement agricole, une troisième à la pro-motion des exportations, et une quatrième à la promotion des investissements industriels. « Des structures destinées à stimuler l’investissement, auxquelles sont attachées des dizaines de filiales à l’étranger mais qui ne remplissent pas leur mission », avait-il martelé soulignant qu’au final c’est l’argent des contribuables qui est délibérément dilapidé.
Attaché comme il est à la préservation du secteur public, le coup de balai que le chef de l’Etat en-tend donner à l’organisation des établissements et structures publics ne comprend nullement un projet de privatisation. L’objectif annoncé étant de préserver les fonds publics et de réduire la proli-fération institutionnelle. Le gouvernement Zanzri va donc devoir se dépêcher pour concevoir et élaborer un projet de réforme de l’organisation des agences publiques. Il s’agit, en premier lieu, de passer au crible la liste d’établissements publics pour ensuite répertorier les organismes et agences qui leur sont attachés et proposer les meilleurs modèles de gouvernance à travers des fusions, des rapprochements ou des suppressions.
Ce vaste chantier de rationalisation de l’administration publique s’inscrit dans une logique de bonne gouvernance et de redéploiement stratégique des ressources. Il vise à mettre fin à une gestion fragmentée et inefficace, marquée par la redondance des missions et la dispersion des moyens. En réorganisant ces structures, l’État espère non seulement alléger le fardeau budgétaire, mais aussi rendre l’action publique plus cohérente et performante.
H.G.