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Les importations de pétrole creusent profondément les déficits : Les bonnes raisons pour un changement de cap

Par Hassan GHEDIRI

Sur un déficit commercial global s’approchant des 10 milliards de dinars comptabilisé au terme du premier semestre, plus de la moitié est imputable à un secteur d’énergie presque en panne… 


Au cours des six premiers mois de 2025, la Tunisie a vendu pour seulement 245 millions de dinars d’énergie raffinée. Malgré qu’elle ne produit que très peu de ses besoins de consommation, ce qui fait d’elle un importateur net de pétrole, la Tunisie continue à exporter du pétrole brut mais également raffiné. Ces exportations ne représentent toutefois qu’une très petite partie des exportations totales. Une chute drastique en terme de quantité et de recettes est en effet constatée ces dernières années et tend à s’accentuer. L’année dernière, l’exportation des produits énergétiques raffinés a généré environ 1 milliard de dinars, soit une chute de 74%.
Ainsi, selon le bulletin de l’Institut national de la statistique (INS) publié vendredi, le secteur de l’énergie, tous produits confondus, a vu ses exportations reculer de 36,3% au cours du premier semestre comparé à la même période de 2024. L’INS souligne tout de même une baisse de plus de 16% des importations de produits énergétiques. Mais attention, ce résultat n’est, paradoxalement, pas une bonne chose pour l’économie. Parce que quand la Tunisie importe moins d’énergie cela veut dire qu’il y a ralentissement de la production et donc un fléchissement de croissance. Le défi est double, car il s’agit à la fois de relancer la croissance en mettant en branle tous les moteurs ce qui nécessite énormément d’énergie, et d’équilibrer une balance commerciale gravement déficitaire. Ceci exige le développement des exportations mais aussi et surtout de remédier à la cause principale du déficit commercial de la Tunisie. Sur un déficit qui a frôlé les 10 milliards de dinars au mois de juin dernier, selon les chiffres de l’INS, un peu plus de 5,2 milliards constituant le déficit énergétique.
La baisse de 36,3% des exportations comptabilisée dans le secteur de l’énergie composées principalement de produits pétroliers en dit long sur les difficultés que rencontre ce secteur mis presque en panne, par la chute vertigineuse de la production et la désaffection prononcée des investisseurs étrangers. D’aucuns voient d’ailleurs dans cette tendance les signes avant-coureurs de l’épuisement inéluctable des réserves pétrolières auquel la Tunisie fait désormais face. 

Moins de 30 barils/jour
Il y a lieu de noter dans ce même cadre que la moyenne journalière de production est passée de 34 mille barils par jour en juin 2023 à environ 27 mille barils par jour au mois d’avril dernier, et ce, selon les données publiées par l’observatoire national de l’énergie et des mines. Un recul qui place la production quotidienne sous la barre symbolique des 30 mille barils, soulignant les difficultés croissantes du secteur.
Dépanner le secteur de l’énergie en Tunisie ne consiste plus seulement à tenter de dynamiser la production par le biais de nouveaux mécanismes d’incitation à l’investissement ciblant les géants internationaux de l’industrie pétrogazière, mais également et surtout à enclencher le virage vers les énergies renouvelables et exploiter l’énorme potentiel dont dispose notre pays.  Parmi les opportunités les plus prometteuses figure l’exploitation à grande échelle de l’énergie solaire et éolienne dans le sud tunisien, où l’ensoleillement dépasse 3 000 heures par an, soit l’un des taux des plus élevés en Méditerranée. Cela représente un potentiel de production estimé par les experts à plus de 2 000 kWh/m²/an. 
Selon l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), la Tunisie pourrait produire jusqu’à 10 mille mégawatts (MW) d’électricité solaire d’ici 2035, alors que sa capacité installée actuelle en énergies renouvelables ne dépasse pas 570 MW. A cela il faut ajouter un énorme potentiel du biogaz, estimé à 1,6 million de tonnes équivalent pétrole (TEP) par an pouvant être générées par le biais de la valorisation des déchets agricoles, industriels et municipaux. Notre pays dispose aussi de ressources géothermiques exploitables dans le sud et le centre, avec une température de nappes pouvant atteindre 70°C. Si ces leviers étaient exploités à leur juste potentiel, la Tunisie pourrait couvrir la quasi-totalité de ses besoins énergétiques et même générer un excédent à l’export, réduisant ainsi drastiquement un déficit énergétique qui se chiffre aujourd’hui à 5,2 milliards de dinars.

H.G.

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