Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
* La Tunisie se classe au 37ᵉ rang mondial sur 113 pays inclus dans l’indice de pollution…
La pollution dans le Golfe de Monastir est dans le collimateur du chef de l’Etat qui, lors d’une visite inopinée effectuée récemment dans la région, a qualifié la situation de «catastrophe écologique ».
Le gouvernorat de Monastir, notamment son Golfe, est l’une des régions les plus frappées par la pollution en Tunisie, mais la dernière marée rouge causée par la prolifération des algues marines toxiques a suscité aussi bien la colère des citoyens que des interrogations sur la situation environnementale sur nos côtes et dans le reste du pays.
Dans une déclaration datant du mois de juin dernier et relayée par Business news, l’ingénieur en halieutique et environnement, Hamdi Hached, avait justement mis en garde contre « une résurgence possible des proliférations des algues rouges si les sources de pollution — notamment les rejets domestiques, agricoles et industriels — ne faisaient pas l’objet de traitements structurels ».
Pour l’activiste Anis Hlel, que nous avons interrogé sur la question : « L’augmentation exponentielle des quantités des déchets solides produites par l’Homme et la lenteur de leur dégradation ainsi que leur mauvaise gestion sont les causes de cette catastrophe écologique. Les déchets et les plastiques sont désormais omniprésents, que ce soit dans la colonne d’eau, les fonds marins, les estomacs des animaux ou le long des côtes. La Tunisie, comme l’atteste le rapport élaboré par la fondation Heinrich-Böll-Stiftung - Tunis, est fortement concernée et impactée par la pollution marine par les débris et les plastiques. Elle doit par conséquent contribuer aux efforts de lutte à travers des actions et des programmes ciblés et ce par le biais de l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la pollution marine, et d’une manière plus spécifique contre le plastique et les microplastiques, tout en impliquant les différents acteurs et institutions concernés par le sujet. De plus, il importe de mettre en place des lois strictes et des mesures de contrôle régulier accompagnées par des activités de collecte et de recyclage intensifiées intégrant les municipalités et leurs systèmes de gestion des déchets ». La Tunisie dispose-t-elle justement d’une politique pour lutter convenablement contre la pollution ?
Agir avant qu’il ne soit trop tard…
Selon le rapport 2025 du site de référence “Numbeo”, spécialisé dans la collecte et l’analyse de données mondiales, la Tunisie se classe au 37ᵉ rang mondial sur 113 pays inclus dans l’indice de pollution, avec un score de 70,1. Ces chiffres disent long sur la dégradation catastrophique de la situation écologique dans le pays. Pour l’activiste Anis Hlel : « Aujourd’hui, 70 % des plages tunisiennes souffrent de niveaux de pollution plus ou moins élevés. A titre d’exemple, la mer de Gabès contient des teneurs en ‘cadmium’ (métal lourd) huit cents fois supérieures aux réglementations. Des quantités de zinc et d’arsenic dépassent, d’une centaine de fois, les normes. En cause, le phosphogypse qui est rejeté directement dans la mer Méditerranée, polluant ainsi, gravement, la mer. La présence constamment des cadavres de tortues marines, de poissons, mais aussi de nombreux oiseaux marins victimes de pollution sur la plage témoigne de ce drame environnemental ».
Face à cette situation alarmante, la Tunisie tente tant bien que mal de répondre aux question liées aux problèmes environnementaux en optant pour une politique environnementale qui s'articule autour de la Stratégie Nationale de Transition Écologique (SNTE), laquelle vise à instaurer une gouvernance environnementale solide, à renforcer la résilience face aux changements climatiques et à promouvoir une économie verte et circulaire. Cette stratégie s'appuie sur plusieurs axes, dont la gestion rationnelle des ressources naturelles, la préservation des écosystèmes et le développement d'une culture environnementale. Et pourtant…
M.B.S.M.