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Exécution du budget de l’Etat 2025 : Un excédent et des questions

Par Hassan GHEDIRI

Les résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat de l’année 2025 semblent démentir l’engagement social de l’exécutif qui ne jure que par le remboursement de la dette…

Le ministère des Finances n’a publié qu’une seule fois depuis le début de l’année l’état d’avancement du budget à travers un premier rapport provisoire publié sur son site web au mois d’avril portant exécution du budget à la fin du premier trimestre. Mercredi 22 octobre, une nouvelle mise à jour des données a été divulguée correspondant à l’état de l’exécution du budget jusqu’à fin août 2025.

Le suivi budgétaire fait état d’un résultat excédentaire à ne pas prendre pour argent comptant. C’est, par exemple, ce que croit Ridha Chkoundali, professeur universitaire en économie et analyste. Il pense en effet que le résultat provisoire des huit premiers mois de l’année, faisant état d’un excédent de 871 millions de dinars, semble à première vue témoigner d’un exploit miraculeusement réalisé dans une conjoncture très difficile.

Examiné de plus près, cet excédent serait le fruit des politiques d’austérité adoptées par le gouvernement, se traduisant par un ralentissement des dépenses sociales, notamment celles liées aux subventions.

Toujours selon les résultats publiés par le ministère des Finances, l’État n’a en fait dépensé, durant cette période, que 30,5 milliards de dinars (MD) sur les 59,8 MD formant le budget 2025. L’exécutif a donc bouclé le troisième trimestre avec un budget exécuté à 51,1 %, alors qu’il visait un taux de 67 %. L’excédent serait le fruit des coupes budgétaires dans les dépenses publiques pour régler les obligations de la dette.

D’ailleurs, dans le chapitre des recettes, l’État a continué à miser sur les impôts directs, les droits de douane et les contributions publiques.  Quant aux emprunts, le bilan reste en deçà des attentes, puisque sur les 28 MD programmés, seulement 13,8 MD avaient été mobilisés jusqu’au 31 août 2025, soit un taux inférieur à 50 %.

Cela dit, le gouvernement a donc donné la priorité au remboursement de la dette. Il n’a d’ailleurs pas manqué de célébrer en grandes pompes le remboursement, à la  fin du mois dernier, de 125% des échéances de la dette extérieure.  Un choix qui a impliqué la réduction des dépenses sociales, pourtant épine dorsale des politiques publiques de l’Etat qui se veut plus « social ».

De manière générale, toujours selon les résultats provisoires de l’exécution du budget de 2025, les subventions n’ont été réalisées qu’à 36,6 %, avec un maigre taux de réalisation des subventions des produits de base ne dépassant pas 14,6 %. Sur les 3,8 MD destinés aux subventions, à peine 554 millions de dinars ont été dépensés. La baisse drastique des subventions des carburants (3,1 MD sur 7,1 MD programmés) pourrait par contre être justifiée par le fléchissement des prix internationaux.

Chkoundali trouve toutefois inconcevable et complètement inadapté aux défis et exigences posés par la conjoncture économique du pays le déclin des investissements publics. Le suivi budgétaire montre en effet que l’’exécution des projets publics reste anémique avec seulement 44,1 % des dépenses débloquées, c’est-à-dire 2,4 MD sur les 5,4 MD prévus dans le budget 2025.  Une lenteur qui pourrait remettre en question la fiabilité de certains indicateurs tels que le taux de croissance réalisé au deuxième trimestre.

H.G.

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