Le Prix international Neustadt a été attribué à l’écrivain palestinien Ibrahim Nasrallah, mettant en avant la littérature palestinienne et ses thèmes d’exil, d’identité et de résistance sur la scène mondiale.
Belle et grande surprise pour la scène littéraire arabe et internationale. La consécration de cet écrivain palestinien au moment où Gaza traverse des épreuves tragiques et où les mouvements de protestation contre l’État sioniste prennent de l’ampleur, souligne l’importance croissante de la voix palestinienne dans la réécriture de l’histoire mondiale, offrant une perspective littéraire puissante sur la guerre, l’exil et la résistance.
Né en 1954 à Amman, dans un camp de réfugiés, des parents palestiniens qui ont été forcés à quitter leur terre après 1948, Ibrahim Nasrallah qui a intégré les écoles de l’UNRWA, a réussi à se frayer son chemin, à poursuivre ses études académiques, enseignant pour quelques temps la langue arabe avant de se tourner vers le journalisme, la photographie et l’écriture romanesque.
Auteur prolifique, il a su faire résonner la voix palestinienne à travers des récits poignants et universels. Des récits qui ont été primés et également traduits dans d’autres langues que la langue arabe. Certains romans ont connu un franc succès auprès de lecteurs, parvenant à enregistrer une 20ème édition tels que « Le temps des chevaux blancs ».
Ainsi, parmi ses romans les plus célèbres et qui ont été traduits, nous citons : « La deuxième guerre du chien », publié en 2017 qui lui a valu le Prix international de la fiction arabe en 2018 et son premier roman, « Les chevaux dominent la ville » (1980), un texte fondateur qui met en lumière les luttes politiques et sociales dans un contexte palestinien.
Palestine : des maux et des mots
Voix engagée, Narsallah a voulu contribuer à sa façon à la lutte de son peuple pour la libération, lançant son projet romanesque intitulé « La comédie palestinienne », une œuvre monumentale composée de 12 romans indépendants qui abordent la mémoire palestinienne à travers plusieurs générations successives. Parmi ses œuvres majeures, on trouve : « Les prairies de la fièvre », « Le temps des chevaux blancs », « Les lanternes du roi du Galilée », « La deuxième guerre du chien »… et « Les âmes du Kilimandjaro », qui a remporté le prix Booker arabe en 2018. Dans ces récits, la légende se mêle à la réalité, l’exil au pays natal, et le récit devient un moyen de résistance et de préservation de la mémoire.
Le cœur bat pour sa Palestine, la plume généreuse et le regard unique, Ibrahim Nasrallah a donné à travers ses récits voix aux palestiniens dans toute leur diversité, et de toutes les catégories d’âge, évoquant les défis sociaux, politiques et culturels qui les affectent au quotidien, racontant les drames de la guerre, l’espoir, la résilience, la Palestine aux yeux de ses jeunes, ceux qui sont à l’intérieur comme ceux qui sont nés ailleurs, dans les camps des réfugiés et dans d’autres pays d’accueil.
Reconnaissance mondiale
La distinction de Ibrahim Nasrallah par le Prix Neustadt, considéré comme le Nobel américain, n’est pas simplement un hommage à un écrivain de talent, mais un acte de reconnaissance de la littérature palestinienne et de son rôle essentiel dans la compréhension des luttes humaines et politiques contemporaines. « Comme l’a souligné Shereen Malherbe, sa nominatrice, l'œuvre de Nasrallah offre une perspective authentique et nécessaire sur la Palestine, loin des stéréotypes imposés par les récits dominants.
En attribuant ce prix à Nasrallah, le Prix Neustadt contribue à faire entendre la voix des Palestiniens dans le monde littéraire global, tout en soulignant l’importance de la littérature en tant que vecteur de mémoire, de résistance et de solidarité », lit-on dans le rapport du jury publié sur le site du Prix Neustadt.
Imen.A.

