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Émigration clandestine : La vérité sur le désengagement de l'Italie...

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

L’ancien député Majdi Karbai persiste et signe : l’Italie n’a pas tenu ses promesses dans le dossier de l’émigration et, pis encore, le gouvernement Melloni a réussi à exporter la crise migratoire vers la Tunisie.

Dans un statut publié hier sur sa page Facebook, l’ancien député Majdi Karbai a dénoncé la situation migratoire entre la Tunisie et l’Italie, chiffres officiels à l’appui, rapporte le site Business news. Se basant sur les données du ministère italien de l’Intérieur, la même source rapporte que le nombre de migrants tunisiens arrivés en Italie entre le 1ᵉʳ janvier et le 15 juillet 2025 a chuté de manière spectaculaire par rapport à la même période de 2024 : 3462 migrants en 2024 et seulement 648 migrants en 2025. Pour Majdi Karbai, ces chiffres prouvent que «l’Italie a réussi à exporter la crise migratoire vers la Tunisie, qui a accepté de devenir un simple gardien de frontières sans aucune contrepartie réelle».
L’ancien député pointe également du doigt les promesses non tenues, telles que les contrats de travail saisonniers : «La plupart sont frauduleux et beaucoup de bénéficiaires se retrouvent toujours en situation irrégulière ». En effet, l’Italie et la Tunisie sont liées depuis 2023 par un accord portant sur l’accueil de 4 000 travailleurs migrants de Tunisie. Les deux pays veulent ainsi établir des voies légales d'émigration pour les "travailleurs qualifiés" qui souhaiteraient se rendre en Italie. Selon ce même accord, Rome a toujours réaffirmé sa volonté d'aider Tunis à lutter contre l'émigration irrégulière.
Selon le député Majdi Karbai, les choses ne sont pas passées comme prévu et la Tunisie se trouve aujourd’hui face à une crise migratoire suite «au désengagement des autorités italiennes ». Justement, un document italien publié récemment a révélé que « la Tunisie est exposée à une forte pression migratoire, en particulier en provenance des pays subsahariens, et est le premier pays de rapatriement depuis l'Italie». Que faire, de fait, pour faire face à cette nouvelle donne ?

Coopération…
Interrogé à ce sujet, l'universitaire et activiste au sein de l'Association internationale de défense des droits de l'Homme et des médias, Salem Chérif, nous a confié : "La Tunisie dispose de plusieurs armes pour lutter seule contre les flux migratoires anarchiques, mais nous devons continuer à privilégier la coopération internationale et particulièrement avec nos partenaires directs dont l'Italie. Il faut aussi consolider notre coopération avec l'Organisation internationale de migration (OIM). Il faut savoir qu'en Tunisie, l’OIM met en œuvre divers programmes dans les secteurs du codéveloppement, de la migration de travail, du dialogue sur la migration, ainsi qu'en matière de protection des migrants et lutte contre la traite, et ce, en étroite collaboration avec le gouvernement tunisien ". Et d'ajouter : " Comme l'a rappelé le ministre de l'Intérieur, Khaled Nouri, lors du Sommet sur la sécurité frontalière consacré à la criminalité organisée liée à la migration, ce phénomène dépasse les capacités d'un seul pays, même doté de ressources suffisantes, et qu'une approche fondée sur le partenariat et le partage des responsabilités est indispensable pour y faire face, dans le respect des droits de l'Homme et des conventions internationales. Cette approche doit combiner la répression des crimes liés à la migration irrégulière – tels que les flux financiers illicites – et la lutte contre ses causes structurelles, notamment les disparités de développement entre pays d'origine et pays de destination ".

M.B.S.M.

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