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La Tunisie s’attend à la meilleure récolte de blé depuis cinq ans : C’est bon, mais encore insuffisant !

Par Hassan GHEDIRI

Le ministère de l’Agriculture publie quasi-quotidiennement les résultats de la campagne de collecte des céréales qui bat son plein dans les champs partout en Tunisie…

En attendant l’actualisation des bilans, le dernier chiffre rendu public dimanche marque, officiellement, le franchissement de la barre des 10 millions de quintaux. Le chiffre exact communiqué par l’Offices des céréales est un peu plus de 10,8 millions de quintaux de céréales collectés depuis le début de la campagne sur l’ensemble du territoire national. Cela représente environ 60% de la récolte totale sur laquelle table la Tunisie pour la campagne 2024/2025 et qui devait être de l’ordre de 18 millions de quintaux, c’est-à-dire 1,8 million de tonnes. La récolte de cette année est de loin plus importante que les saisons écoulées durant lesquelles la filière de céréales, essentiellement pluviale avec seulement 2% de culture irriguée, a été durement affectée par la sécheresse. D’après le ministère de l’Agriculture, notre pays entend obtenir, cette année, la meilleure récolte de céréales depuis cinq ans. Il faut dire qu’après un automne et un hiver extraordinairement humides avec une pluviométrie dépassant la moyenne des dernières années, le rendement de la filière a été au-dessus des attentes promettant une production en hausse de 64% par rapport à l’année dernière.
Certes, 1,8 million de tonnes est une bonne moisson, mais reste très insuffisante quand on sait que les besoins de consommation de la Tunisie se situant généralement dans une moyenne de 3,5 millions de tonnes. Ceci dit, la nouvelle production ne va combler qu’une partie négligeable des besoins de consommation et sera incapable de changer grand-chose en ce qui concerne la dépendance à l’importation. Sur les 10,8 millions de quintaux collectés jusqu’à dimanche 13 juillet 2025, la quantité de blé tendre, qui reste la céréale la plus consommée en Tunisie, a été moins de 500 mille quintaux, soit moins de 0,5%.

Blé tendre
Bon an mal an, la Tunisie se trouve toujours obligée d’importer la quasi-totalité de ses besoins de consommation en blé tendre, produit essentiel pour la fabrication de la farine de pain et dans l’industrie agroalimentaire (biscuits, pâtisseries…). Il faut rappeler dans ce sens que le coût annuel de l’importation des céréales est estimé à 3,4 milliards de dinars, dont 98% sont dessinés à financer les achats du blé tendre, sachant qu’environ 3 milliards de dinars supplémentaires sont débloqués pour la compensation des céréales. 
C’est dire qu’il ne suffit pas d’espérer une bonne saison pour sortir du cycle vicieux de la dépendance, mais il est devenu plus que jamais nécessaire de développer davantage la filière de céréaliculture, dans toutes ses composantes, afin de réduire cette vulnérabilité chronique. Conscient des défis, l’État s’est fixé des objectifs ambitieux comme celui visant à porter, à l’horizon de 2030, c’est-à-dire dans seulement cinq ans, la production nationale à 2,5 millions de tonnes, contre une moyenne actuelle dépassant à peine 1,2 million de tonnes. Pour ce faire, les spécialistes croient que de gros investissements sont indispensables pour la réhabilitation des terres agricoles abandonnées et le développement des superficies irriguées, notamment à travers l’usage de l’eau de dessalement et des eaux traitées.  Il sera également question d’améliorer les rendements à l’hectare grâce à l’introduction de semences sélectionnées, à la mécanisation et à un meilleur encadrement technique. En 2023, l’Etat avait promis de débloquer une enveloppe de 500 millions de dinars pour la mise en œuvre de ces actions.

H.G.

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