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Editorial : Cette vérité qui blesse …

Par Chokri Baccouche

Quand il s’agit de dire la vérité toute crue, sans détour ni ambages, Francesca Albanese n’y va pas par quatre chemins. Elle fonce tête baissée avec courage et détermination quitte en cela à défier tout le système international contrôlé de bout en bout par les puissants lobbies et les nababs de ce monde. Depuis sa prise de fonction comme rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires occupés, cette juriste d’origine italienne au courage massif et au verbe sincère mène un combat de tous les instants pour que la vérité sur ce qui se passe réellement dans les territoires palestiniens occupés éclate au grand jour. Ses dénonciations des exactions israéliennes à Gaza et en Cisjordanie ont fait d’elle une référence et la voix pro-palestinienne par excellence. La voix de la justice et du droit international, celui-là même sur lequel repose en principe tout l’édifice onusien mais qui est malheureusement sans cesse violé et bafoué impunément par l’entité sioniste avec le soutien actif de ses sponsors occidentaux.
Francesca Albanese est une véritable amazone dans le sens guerrier du terme. Elle ne mâche pas ses mots pour stigmatiser, depuis le début de la guerre à Gaza, les atrocités israéliennes. Son dernier rapport intitulé «De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide» a fait l’effet d’une véritable bombe qui a éclaté au visage des dirigeants sionistes, éclaboussant au passage les pays ainsi que les entreprises occidentales impliqués dans ce pogrom moyen-oriental. Dans ce document accablant appuyé par des preuves formelles et présenté le 3 juillet devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Francesca Albanese dénonce les « mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens ». Elle avance que l’entité sioniste est responsable à Gaza d’un "des génocides les plus cruels" de l’histoire moderne. Elle nomme 60 entreprises qui, d’après elle, sont impliquées dans le soutien de l’occupation israélienne et des actions militaires à Gaza. "Ce que je dénonce, ce n’est pas une liste, c’est un système et il faut s’y attaquer", assure-t-elle.
Elle appelle donc les pays à instaurer un embargo complet sur les armes, à cesser toutes les activités commerciales avec Israël et s’assurer que les entreprises soient poursuivies en justice pour leur implication dans les violations du droit international. Comme il fallait s’y attendre, ce rapport affligeant a provoqué l’ire des Israéliens et des Américains. Si les dirigeants hébreux ont accusé Francesca Albanese d’antisémitisme, l’administration Trump a fait monter encore plus les enchères. Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a annoncé en effet, mercredi dernier, une série de sanctions à l’encontre  de Francesca Albanese au prétendu motif que ses «efforts illégitimes et honteux visent à inciter la Cour pénale internationale à prendre des mesures contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens». Les arguments présentés  par Marco Rubio pour justifier les mesures de rétorsion à l’encontre de la rapporteuse onusienne sont non seulement pathétiques mais également risibles. La raison en est que l’Administration Trump s’en fiche éperdument de la Cour pénale internationale. D’ailleurs, elle n’a pas hésité à sanctionner tous les membres de cette Cour, coupables à ses yeux d’avoir commis un crime de lèse majesté pour avoir émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien  Netanyahu et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, accusés de crimes de guerre. Ce qui a provoqué en fait la grande colère des Israéliens et des Américains, c’est que ce rapport met à nu le système militaro-politique directement impliqué dans ce macabre complot visant à éradiquer les Palestiniens pour s’approprier leurs terres ancestrales et en finir une bonne fois pour toutes avec leur cause légitime. Bref, le rapport de Francesca Albanese dérange au plus haut point et constitue à bien des égards un témoignage accablant que les scripts de l’histoire ne manqueront pas de souligner en gras pour que les citoyens du monde actuel ou les futures générations n’oublient pas ce qui s’est réellement passé dans les territoires palestiniens. Le rapport de Mme Albanese est tellement incriminant et embarrassant qu’il a mis sur le qui-vive de nombreux pays occidentaux. Dos au mur et complètement dénudés, ces derniers mènent actuellement contre la rapporteuse onusienne une campagne de dénigrement violente visant à la destituer. Pis encore, une armée de juristes en France, aux États-Unis, en Allemagne ont déposé plainte contre elle auprès du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et les principaux groupes juifs américains (American Jewish Committee) se sont vivement opposés à la reconduction de son mandat qui a commencé en 2022, en raison de son "manque de neutralité", "d’intégrité", et de "ses longs antécédents de rhétorique offensante, inappropriée et antisémite".
Haïe par les dirigeants sionistes et leurs sponsors occidentaux, Francesca Albanese est en revanche portée au pinacle par de très nombreuses personnes aux quatre coins de la planète. Elle est devenue la coqueluche et l’icône de la liberté sur les réseaux sociaux où des millions d’internautes soutiennent à bras-le-corps sa candidature pour le Nobel de la paix 2025.
A qui reviendra le prestigieux prix ? A Francesca Albanese, la voix courageuse de la justice et la liberté, ou à Donald Trump, le belliqueux businessman porté sur la déportation forcée des Palestiniens ? C’est au comité Nobel que reviendra la charge de trancher sur la question et de faire le bon choix qui ne doit pas poser, en principe, un problème. A moins bien sûr que les gentils membres du « Club » n’aient un gros couteau politique sur la gorge…

C.B.

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