Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
De New-York à Nice en passant par Londres et Berlin, le vent du changement est en train de se lever sur le monde occidental sensible plus que jamais à la cause palestinienne. L’effet Gaza est-il en passe d’isoler de plus en plus l’entité sioniste?
Les sit-in dans les universités et les manifestations quasi hebdomadaires accompagnées de procès historiques contre les dirigeants sionistes à la Cour pénale internationale à La Haye ont marqué ces vingt mois de guerre génocidaire menée par l’armée sioniste contre le peuple palestinien enclavé dans la bande de Gaza. Vingt mois de guerre qui ont marqué radicalement l’opinion publique occidentale qui a découvert le vrai visage du sionisme incarné par Benyamin Netanyahou. Et avec l’exploit réalisé par le représentant du camp progressiste au sein du parti Démocrate, Zohran Mamdani, qui fait figure de favori pour l’élection au poste de maire de New-York, qui aura lieu en novembre prochain, après avoir battu lors d’une primaire l’ancien gouverneur de l’Etat, Andrew Cuomo, certains observateurs n’hésitent pas à évoquer un changement politique dû à cette guerre génocidaire à Gaza.
En effet, l’activiste Houssine Chalghaf estime que «Zohran Mamdani, un député âgé de 33 ans, sera le candidat démocrate à la mairie de New York, entrant ainsi dans l’histoire en tant que premier candidat musulman. Sa victoire sur le maire actuel, autrefois figure dominante de la politique de l’Etat, marque un tournant pour les progressistes et signale un changement du centre de gravité politique de la ville. Certes, le soutien résolu de Mamdani aux Palestiniens et ses critiques à l’égard d’Israël l’ont mis en porte-à-faux avec la majeure partie de l’establishment démocrate, mais cela montre qu’un renouveau politique est en train de voir le jour aux USA».
Vent du changement…
Ce qui est intéressant également dans le parcours de Mamdani est que pour la première fois dans l’histoire des USA un homme politique présente un projet de loi visant à mettre fin à l’exonération fiscale des organisations caritatives new-yorkaises ayant des liens avec les colonies israéliennes qui violent le droit international en matière de droits de l’homme. Il a également déclaré qu’il pensait que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, devait être arrêté.
Selon notre interlocuteur Houssine Chalghaf : «Décidément, l’effet Gaza est à l’origine de ce changement. L’autre jour, l’analyste Mustapha Benfodhil écrivait dans ce sens que tout porte à croire que l’opinion publique occidentale est en train de basculer en faveur des Palestiniens, après des mois d’une campagne militaire dévastatrice. Et cet élan est porté par la jeunesse, comme en témoigne l’embrasement spectaculaire des campus américains en soutien à Ghaza, suivis par les universités européennes, notamment en France, où les comités pro-Palestiniens de Sciences Po Paris et de la Sorbonne ont emboîté le pas aux insurgés des universités de Columbia et UCLA». Et d’ajouter: «Aussi, la spécialiste du Moyen-Orient, Isabel Ruck, s’est interrogée si la guerre menée par Israël contre Gaza sera-t-elle vue par nos descendants comme un échec moral de la communauté internationale? Restera-t-elle dans l’histoire comme le point de bascule où, au nom de la sécurité d’un État, le droit international et la protection des civils ont été remplacés par la destruction pure et simple? Cette guerre au Moyen-Orient n’est pas un simple conflit militaire mais porte aussi un enjeu de justice et de solidarité humaine. La passivité internationale et le consentement implicite à l’injustice reflètent une faillite morale profonde, mettant en lumière une incapacité générale à répondre efficacement aux injustices mondiales, en particulier lorsqu’elles touchent des populations marginalisées».
M.B.S.M.