Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Et si on optait pour le régime de la séance unique dans les établissements scolaires ? C’est du moins ce que propose ce projet de loi présenté à la Commission de la législation générale à l’ARP. Efficace ou non, qu’en pensent les spécialistes ?
La députée Rim Esseghir a annoncé récemment, lors d’une émission radiophonique, qu’une proposition de loi visant à adopter un système de séance unique dans les établissements d’enseignement public a été présentée à la Commission de la législation générale à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), « l’objectif est de mettre fin aux effets négatifs du système actuel à deux séances », a-t-elle indiqué. Selon toujours la députée Rim Esseghir, « ce projet de loi comprend sept chapitres et concerne les écoles primaires, les collèges et les lycées. Il vise principalement à réorganiser le temps scolaire pour garantir l’équilibre psychologique et physique des élèves, réduire la fatigue scolaire et améliorer la qualité de l’enseignement et les conditions éducatives ». L’un des principaux objectifs visés, également, par cette initiative porte sur une séance unique qui « se composerait de cinq heures, que ce soit le matin ou l’après-midi ». Qu’en pensent, alors, les premiers concernés, en l’occurrence les élèves, les parents et les enseignants ainsi que la cadre administratif et pédagogique ?
Selon, le président de la coalition éducative tunisienne, Kamel Missaoui : « Il est important tout d’abord d’avoir les moyens de sa politique. Et quand on propose un projet de loi, il faut prendre en compte la réalité de l’école publique tunisienne et celle de tout notre système scolaire. Du coup, plusieurs questions se présentent à nous comme le nombre des enseignants et s’il est adapté à ce nouveau régime. Idem pour les salles et pour le personnel administratif et pédagogique. Alors, il faut combler tout d’abord ces défaillances et ensuite penser à repenser le temps scolaire ».
Repenser le temps scolaire…
L’enseignant et pédagogue Hédi Bouhouch est lui aussi revenu sur ce projet en rappelant qu’il n’est pas nouveau. Une circulaire datant de 1992, concernant l'instauration de la séance unique dans les écoles primaires, évoquait pour la première fois d’introduire la séance unique dans les écoles primaires tunisiennes. Et d’ajouter : « Ce retour d’un projet maintes fois évoqué mais jamais réalisé soulève plusieurs questions : quels sont les véritables freins qui bloquent cette réforme ? Et, surtout, quelles leçons a-t-on tiré des tentatives précédentes ?
Au-delà des discours et des annonces, l’histoire récente de l’éducation en Tunisie montre que la réforme du temps scolaire reste un défi récurrent, oscillant entre volontés politiques et réalités du terrain. La séance unique, si elle devait être appliquée, elle ne pourrait réussir qu’en répondant à trois conditions essentielles : une infrastructure adaptée, une pédagogie repensée et une véritable adhésion des enseignants et des familles. Sans cela, elle risque encore une fois de rester un projet suspendu dans le temps, à l’image de bien d’autres réformes éducatives inabouties ».
Du côté des parents, Fethi Hdhiri, parent d’élèves, nous a confié : «Bien évidement qu’un emploi du temps scolaire trop chargé peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être et les performances des élèves, notamment en provoquant fatigue, manque de concentration et stress. Il est crucial d'instaurer un équilibre entre les temps d'étude, de repos et de loisirs pour favoriser leur épanouissement. C’est ce que confirment toutes les études. En Tunisie, le temps scolaire est à l’origine de plusieurs problèmes aussi bien pour les parents que pour les élèves. Nos enfants sont presqu’à l’abandon durant une grande partie de la journée parce que les parents travaillent et les écoles ne disposent pas de salles de garde. Alors, ce régime de la séance unique est la solution idéale pour nous tous ».
M.B.S.M.