Par Hassan GHEDIRI
Hier ont démarré, à Tunis, les journées nationales sur l’orientation universitaire. Au menu, une large panoplie de formations dans les universités, mais également des milliers de postes d’apprentissage professionnel…
Petit à petit, la formation professionnelle commence à attirer de plus en plus de jeunes détenteurs du baccalauréat. Osons dire que c’est un changement de mentalité qui est en train de prendre forme après de longues années durant lesquelles l’apprentissage professionnel a été victime de préjugés et de stéréotypes négatifs entraînant une perception erronée de son importance et de ses débouchés. Ces stéréotypes ont été jusqu’à très récemment des obstacles privant des milliers de jeunes de faire le choix correspondant à leur profil et leur motivation, compromettant, en fin de compte, leur carrière professionnelle. Donc, aujourd’hui, la donne est en train de changer en faveur d’une nouvelle perception de la formation professionnelle avec comme toile de fond ces milliers de diplômés de l’enseignement supérieur déversés tous les ans par les universités du pays pour grossir, encore et encore, les rangs des chômeurs. Un destin rendu presque inéluctable que provoque l’inadéquation chronique et irrémédiable entre les formations académiques et le marché du travail en Tunisie.
Parmi les 76 178 candidats officiellement déclarés admis aux sessions principale et de rattrapage du baccalauréat 2025 en Tunisie, nombreux sont ceux qui devraient normalement envisager de postuler pour un poste de formation dans l’un des établissements publics répartis sur l’ensemble du territoire national. Depuis deux ans, le ministère de l’Enseignement supérieur publie la liste complète des centres de formation offrant des spécialités dédiées aux jeunes titulaires du bac. Cette année, les bacheliers tentés par un cursus de formation professionnelle débouchant sur un diplôme de technicien supérieur dans l’un des centres relevant de l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP) auront l’embarras du choix.
Plus de 80 spécialités
Pour se renseigner davantage sur les offres et les spécialités, les intéressés ont les journées nationales sur l’orientation universitaire qui ont démarré hier à la Cité des Sciences à Tunis et s’étaleront sur trois jours, pour choisir le métier de leur rêve. Sur place, ils peuvent consulter les programmes de formation et les spécialités disponibles dans tous les centres. Selon la liste officielle publiée à cet effet par le ministère de l’Enseignement supérieur, un peu plus de 80 spécialités, réparties dans plus d’une trentaine de centres de formation sectorielle, sont mises à la disposition des bacheliers de 2025. En examinant le document, l’on a pu recenser 2975 postes de formation programmés pour les deux sessions de septembre 2025 et février 2026. Pour la seule session de septembre, le nombre de places programmées dans tous les centres est de 1201 places, soit environ 40% de la capacité d’accueil annuelle globale.
Il est aujourd’hui impératif que l’État tunisien investisse davantage dans le secteur de la formation professionnelle, parallèlement à l’intérêt soutenu accordé à la formation académique dans les universités. Dans de nombreux pays développés et émergents, l’apprentissage professionnel occupe une place de choix dans les politiques publiques d’emploi. Il est considéré comme un levier stratégique pour lutter contre le chômage des jeunes et répondre efficacement aux besoins du marché du travail. En Allemagne, aux Pays-Bas ou encore au Canada, les formations techniques et professionnelles sont valorisées au même titre que les cursus universitaires, car elles débouchent souvent sur des emplois stables et bien rémunérés. La Tunisie gagnerait à s’inspirer de ces modèles pour pallier une pénurie préoccupante dans beaucoup de métiers et en même temps bâtir une économie productive, inclusive et adaptée aux mutations technologiques et industrielles.
H.G.