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Injustices sociales : En finir une fois pour toutes

Par Hassan GHEDIRI

Sujet de prédilection du président de la république, l’injustice sociale a été encore une fois à l’ordre du jour du Conseil des ministres tenu avant-hier au palais de Carthage

Revenant comme un leitmotiv dans presque tous les discours du chef de l’Etat, les disparités et les injustices se présentent comme étant des handicaps majeurs qui entravent l’édification d’un Etat où règnent progrès économique et paix sociale. Avant-hier, en présidant un Conseil ministériel, Kaïs Saïed à une nouvelle fois insisté sur la nécessité d’instaurer une véritable justice sociale en Tunisie estimant qu’elle passe nécessairement par une rupture radicale avec les injustices et les inégalités qui ont privé des générations entières de Tunisiens d’un accès équitable aux richesses du pays. Pour le chef de l’Etat, seules de nouvelles visions et des approches innovantes peuvent permettre d’atteindre de tels objectifs.

Nombreux sont toutefois les spécialistes qui croient que les réformes programmées doivent aller au-delà du cadre purement sectoriel et viser un changement radical. D’aucuns sont en effet convaincus de la nécessité d’un bouleversement du modèle de développement économique tunisien dans sa globalité. Cela fait des années en effet que l’économie tunisienne est restée sous l’emprise d’un système fondé sur la rente, les privilèges et le monopole des richesses par des groupes familiaux puissants qui ont fait mainmise sur les différents secteurs moyennant les lois d’autorisation, les concessions et de permis, empêchant la concurrence et bloquant l’initiative privée. Une situation qui n’a pas cessé d’alimenter un sentiment d’exclusion de marginalisation et d’injustice de plus en plus profond. Des secteurs particulièrement juteux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu dans un contexte de crise économique et financière très rude tels que les banques, l’agroalimentaire ou la grande distribution sont entre les mains d’un cercle très restreint d’investisseurs. Cette situation a abouti à une concentration de la richesse entre les mains d’une minorité au détriment du développement économique et social équitable

Ceci étant dit, la réforme du modèle économique est alros perçue comme une priorité absolue. Cela implique de libérer les initiatives privées en simplifiant drastiquement les procédures administratives, de rompre avec le clientélisme qui a parasité la vie économique mais auss lutter contre l’économie parallèle qui représente aujourd’hui plus de 30 % de l’économie tunisienne

Les experts sont en effet unanimes quant à la nécessité de revoir le rôle de l’État non pas pour qu’il se retire totalement de l’économie comme le prônent certains libéraux mais pour qu’il assume un rôle régulateur fort garantissant la libre concurrence, la transparence et l’égalité des chances. L’État doit aussi rester un pilier dans les secteurs stratégiques comme l’énergie, le transport et les infrastructures de base sans quoi la souveraineté économique nationale serais fragilisée. L’un des axes fondamentaux de cette nouvelle approche de développement doit être l’intégration des régions intérieures longtemps marginalisées. La fracture régionale, rappelons-le, est l’une des principales causes de l’instabilité politique et sociale post-révolution. Investir dans les régions, encourager la création d’entreprises locales, développer des pôles d’innovation sur tout le territoire national sont autant de pistes pour réduire les écarts et renforcer la cohésion nationale. Les entreprises publiques, dont beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui en situation déficitaire, doivent être modernisées et soumises à des standards de bonne gouvernance. Non pour être bradées mais pour retrouver leur rôle de leviers du développement.

Enfin, de nombreux spécialistes insistent que l’édification d’une véritable justice sociale repose aussi sur une réforme du système fiscal; il s’agit d’élargir l’assiette fiscale, de lutter contre l’évasion et d’instaurer une fiscalité progressive qui n’écrase pas les plus pauvres au profit des plus riches Pour dire que la justice sociale que revendique le président de la République et à laquelle aspirent la majorité des Tunisiens ne saurait être atteinte sans un nouveau contrat social fondé sur la liberté d’entreprendre l’égalité réelle des chances, la transparence économique et surtout une volonté politique forte pour démanteler les groupes d’intérêts qui s’enrichissent illicitement sur le dos des contribuables

H.G.

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