Par Hassan GHEDIRI
Si la succession, ces deniers temps, des épisodes pluvieux laisse présager de bonnes perspectives pour la saison agricole, les céréaliculteurs, eux, ce n’est pas la météo qui les intéresse pour le moment.
D’ordinaire, au milieu de l’automne, c’est la grande effervescence dans les champs où les agriculteurs qui vivent les deux grands moments de la saison agricole : la récolte et les semis. C’est en effet entre septembre et novembre que sont faits les bilans et annoncées les ambitions pour la nouvelle saison.
Un temps crucial pour l’ensemble des agriculteurs qui savaient que sans une bonne météo ils allaient vivre des semaines très compliquées. Ils sont également convaincus, comme toujours, que seule une bonne météo rassure sur leurs récoltes et leurs revenus. Sauf peut-être dans les grandes cultures, où une bonne pluviométrie au cours de l’automne-hiver actuel risque d’avoir un certain goût d’inachevé.
Et pour cause, un mélange de crainte et d’incertitude que suscite la montée de tension dans la ville de Gabès, depuis laquelle est pratiquement ravitaillée l’ensemble de la filière céréalière par les fertilisants essentiels pour démarrer la campagne de semis et garantir une bonne moisson. Abritant les principales unités de fabrication des engrais à partir de phosphates, la ville de Gabès est le théâtre de grandes manifestations populaires contre la pollution générée par les industries du Groupe Chimique (GC).
Dans les préparatifs pour la campagne 2025/2026 de la filière céréalière, le gouvernement a en effet mis en place un programme d’approvisionnement qui comprend la mise à la disposition des céréaliculteurs 370 mille tonnes d’engrais composées de 120 mille tonnes de DAP, de 30 mille tonnes de super 45 et de 220 mille tonnes d'ammonitrate.
S’agissant de ce dernier engrais qui est essentiel pour le développement des céréales grâce à ses apports de protéines qui permettent de produire des graines de qualité optimale, le Groupe Chimique est appelé à fournir 150 mille tonnes au cours de cette période. Le reste, soit 70 mille tonnes, seront normalement couverts par les importations, comme au cours de l’année passée.
Perturbation
Toute perturbation de la production des engrais à Gabès risque de compromettre la filière des grandes cultures et de chambouler tout le calendrier agricole, entrainant dans la foulée des flambées de prix des intrants des retards dans les semis et, par conséquent, une baisse des rendements. C’est dire combien il est aujourd’hui urgent pour les autorités d’agir et de trouver des solutions à la crise du Groupe chimique.
Il s’agit de prendre des décisions qui répondent en même temps aux revendications légitimes des habitants de Gabès, qui réclament la fin d’une pollution et la nécessité d’assurer la continuité de l’approvisionnement du secteur agricole en engrais.
Certes, la situation est compliquée étant en même temps une question de protection de la santé publique, de préservation de l’environnement et de maintien d’une industrie de laquelle dépendait l’agriculture et donc la sécurité alimentaire. Mais, l’Etat a l’obligation de trancher sans tarder.
H.G.