La décision de la Fifa de reporter d'une semaine la date de libération des joueurs pour la Coupe d'Afrique (21 décembre-18 janvier) a mis en colère des sélectionneurs africains face à ce qu'ils considèrent être un manque de respect.
La fédération internationale a annoncé mercredi que les clubs auront désormais jusqu'au 15 décembre, et non plus le 8, avant de libérer les joueurs participant à la CAN au Maroc, une décision présentée comme le fruit de "consultations fructueuses" qui permettra de "réduire les répercussions" pour les différentes parties.
"C'est catastrophique, a réagi auprès de l'AFP le sélectionneur du Mali Tom Saintfiet après cette annonce. En Europe, tout le monde pense que le football africain n'est pas important, c'est un manque de respect, je suis très en colère." Dans ces conditions, "on ne peut pas préparer l'équipe, on ne peut pas jouer de matches amicaux, nous devons annuler ceux que nous avions prévu contre le Botswana et la Tanzanie : je n'ai plus de joueurs", peste Saintfiet.
"C'est regrettable pour le football africain, abonde auprès de l'AFP Stefano Cusin, l'entraîneur italien des Comores, parce que toutes les fédérations ont déjà des programmes, ont réservé des hôtels, des terrains d'entraînement, pris les billets d'avion et même organisé des matchs amicaux".
Il estime que son équipe et le Maroc, qui disputent le match d'ouverture, sont "particulièrement pénalisés puisque nous jouons dès le 21. Nous aurions eu bien besoin de trois, quatre jours en plus de préparation". Il regrette que les sélections africaines doivent laisser la priorité aux employeurs des joueurs. "Je comprends les clubs européens, mais ils ont quand même eu un an pour se rendre compte des dates" de la CAN, ajoute Cusin.
Pour Tom Saintfiet, "le problème, c'est que le directeur technique de la Fifa, Arsène Wenger, ne connaît rien au football de sélection. Hormis deux saisons au Japon (avec Nagoya), il a seulement travaillé avec des grands clubs en Europe, Arsenal et Monaco. Et c'est ce qu'il fait maintenant, le travail pour les grands clubs, pas pour les équipes nationales. Un directeur technique pour FIFA, ça doit être un ancien sélectionneur qui connaît le monde et le métier de sélectionneur", insiste-t-il.
"Il n'y a aucun respect pour le foot en Afrique, en Asie, en Océanie, dans la Concacaf (Amérique du Nord, du Centre et Caraïbes), le centre du football pour la Fifa, c'est l'Europe et c'est le seul qui compte, ajoute Saintfiet. L'argent des clubs en Europe, c'est le seul qui compte."
Pour Claude Le Roy, qui a disputé neuf CAN avec différentes équipes, cette décision "est une honte, encore une fois (le président de la Fifa Gianni) Infantino fait semblant d'être ami de l'Afrique en n'ayant pas la moindre parcelle d'estime pour ce continent", dit-il à l'AFP.
"C'est un problème quasiment géopolitique, poursuit Le Roy, qui a remporté la CAN-1988 avec le Cameroun. On n'arrête pas d'entendre des grands discours sur le besoin d'aider le Sud, mais dans les moments où on pourrait l'aider, on l'agresse, on le torpille, on le ridiculise".

