Et voilà un nouveau projet de loi de finances qui se veut une réponse aux attentes des différents acteurs et catégories sociales. Le document examiné mardi par les membres du gouvernement ne va sans doute pas déroger à la sacro-sainte règle des équilibres budgétaires. En attendant sa validation et son adoption en Conseil des ministres avant d’être débattues par le parlement, le PLF 2026 définit des objectifs économiques et financiers globaux selon une vision qui, souligne-t-on dans un communiqué gouvernemental, concrétise « les choix constants de l’Etat national et qui matérialise les principes constitutionnels visant à garantir le droit à un développement juste et équitable » pour tous les Tunisiens.
A première vue, l’Exécutif n’a rien laissé au hasard et il semble avoir réglé son budget comme un papier à musique. Il promet des mesures qui consacre l’Etat social, une économie plus dynamique, des régions mieux lotis, une fiscalité plus équitable… Il s’agit, selon les mots du gouvernement, de traduire par des actes « les choix constants de l’Etat national » et « les principes constitutionnels d’un développement juste et équilibré ».
Mais la question qui se pose, est à quelle mesure l’Etat sera dans la capacité d’honorer ces engagements. Car, il faut le rappeler, ce n’est pas la première fois qu’on nous promet justice sociale et croissance inclusive. C’est ce qu’on n’a pas cessé d’inscrire dans pratiquement toutes les lois de finances depuis la révolution. Des budgets qui reprennent les mêmes objectifs et réitèrent les mêmes engagements. Les résultats ?
Ils peuvent toujours attendre. Les chiffres sont là pour le confirmer, parce que le chômage demeure très élevé, le pouvoir d’achat se détériore et des pans entiers de la population sombrent dans la marginalisation et la précarité poussant des centaines de milliers de jeunes à partir en quête d’une meilleure vie sous d’autres cieux. Un décalage flagrant entre les promesses et la réalité.
Le PLF2026 peut-il inverser la tendance et démentir les pronostics alarmistes et pessimistes ? Tout dépendra de comment l’Exécutif entend traduire ses intentions en des actions, car les intentions ne suffisent pas et les Tunisiens en ont marre des belles déclarations. Alléger les impositions en instaurant l’équité fiscale ? Oui, mais cela suppose une transformation radicale de l’économie qui permet de normaliser le secteur informel, c’est-à-dire abolir la contrebande et finir une fois pour toute avec la fraude. Promouvoir le développement régional ?
Bien sûr, mais encore faut-il que les régions disposent des ressources et de l’autonomie pour prendre leur destin en main. Soutenir l’investissement ? C’est chose indispensable, mais cela implique l’abolition de toutes les entraves réglementaires et bureaucratiques. Et surtout, l’Etat doit être cohérent, il ne peut pas promettre de nouveaux recrutements dans le PLF2026 sans garantir, en amont, les conditions de la croissance.
Un projet de loi ne pouvait pas se transformer en un catalogue de promesses non tenues. Les Tunisiens veulent du concret, un pouvoir d’achat qui prend du poil de la bête, des emplois pour des milliers de jeunes et des conditions de vie décente pour tous les citoyens dans toutes les régions. Les Tunisiens veulent des hôpitaux et des écoles publiques dignes de ce nom, et un service de transport respectueux et de qualité.
Le PLF2026 dresse des orientations et défint ses objectifs, mais il n’aura de sens que lorsqu’il apporte des réponses à toutes les attentes, corrige les déséquilibres et élimine les inégalités.
H.G.