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Editorial : Etre ou disparaître…

Par hokri Baccouche
Les pays du Golfe sont dépités et désenchantés. Depuis mardi dernier, jour fatidique de l’attaque israélienne contre les dirigeants du Hamas au Qatar, ils rongent leur pain noir et se font du sang d’encre pour leur propre sécurité. Non sans raison d’ailleurs, car ils ont découvert à leurs corps défendant que les bases militaires américaines installées sur leur territoire et censées les protéger contre toute intrusion hostile sont inopérantes. Un miroir aux alouettes sans aucune utilité. Ils se sentent floués voire arnaqués, car ils ont dépensé des billions de dollars pour bénéficier d’un système de sécurité et un parapluie « protecteur » faisant appel prétendument aux technologies les plus avancées mais qui ne valent, finalement, même pas un clou. Ah la surprise ! La désagréable surprise s’entend et la grande désillusion de s’être fait déplumer pour se retrouver, en fin de compte, nus comme un ver face à des dirigeants sionistes de plus en plus agressive et qui font peu de cas même pour les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël.
La question est d’ailleurs sur toutes les lèvres ces derniers jours : pourquoi la base militaire américaine au Qatar, considérée comme la plus grande et la plus importante au Moyen-Orient, n’a pas réagi ? Pour quelle raison s’est-elle faite aussi muette qu’une carpe en s’empêchant d’intercepter ou à tout le moins contraindre l’escadrille d’avions de combat « ennemis » qui ont violé l’espace aérien du Qatar à rebrousser chemin ? L’ineptie dont les hauts gradés de cette base ont fait preuve est le moins qu’on puisse dire suspecte et suscite, en tout cas, beaucoup de questions. Ont-ils reçu un ordre de ne pas intervenir et de laisser faire, laisser passer ? L’hypothèse est fort plausible, car on imagine mal qu’une garnison aussi bien équipée et disposant d’un arsenal aussi sophistiqué en terme de renseignement et de logistique high-tech ait été incapable de détecter à temps le décollage d’avions de combat depuis leur base d’attache.
Selon des informations véhiculées par certains médias, l’armée israélienne a eu recours dans son blitzkrieg ou guerre éclair contre le Qatar à une technologie de pointe ultrasecrète qui lui aurait permis de brouiller et de rendre aveugles les radars situés en territoire qatari. Les mauvaises langues prétendent même que les systèmes de défense anti-aériens « made in USA », pour l’acquisition desquels le riche émirat a déboursé une montagne d’argent, ont été neutralisés à distance grâce à un code secret que Washington s’est gardé de livrer bien évidemment à son client qatari pour des raisons qu’on peut d’ailleurs facilement deviner. Loin de relever du domaine de la fiction de la fiction, cette éventualité est fort plausible. Technologiquement parlant, il est possible en effet de neutraliser à distance un équipement militaire bourré d’électronique, et ce, quel que soit son degré de sophistication. Le fait que les Etats-Unis aient depuis toujours veillé comme la prunelle de leurs yeux à assurer la supériorité militaire d’Israël dans tous les domaines sur tous les autres pays de la région, rend cette hypothèse plus que probable. Le constat relève en fait de la logique d’une certaine façon, car le fait de vendre une technologie de pointe à un client qui pourrait l’utiliser à « mauvais escient » contre un précieux allié stratégique revient, en effet, à se tirer une balle dans la jambe.
La boucle est ainsi bouclée et les pays du Golfe qui se sentent désabusés semblent se rendre compte, aujourd’hui, de la grave erreur qu’ils ont commise en mettant tous leurs œufs sécuritaires dans le même panier. Si les missiles anti-aériens et tous les systèmes de défense du Qatar ont chômé, c’est bel et bien parce que un potentat calculateur a décrété un « jour férié », le mardi 9 septembre. L’attaque israélienne contre le Qatar aura, inéluctablement, de lourdes conséquences. Elle a non seulement sabordé tous les espoirs de paix mais pourrait également remettre en cause voire chambarder complètement les alliances prévalant dans la région. N’ayant désormais plus confiance au parapluie protecteur américain, les pays du Golfe seront contraints de revoir logiquement leur stratégie défensive en renforçant leur propre capacité militaire et pourraient même être tentés de nouer de nouvelles alliances pour sortir du cercle vicieux et pernicieux de la dépendance toxique voire mortelle vis-à-vis d’un partenaire américain aux intérêts diamétralement opposés. En soutenant la violation par l’entité sioniste de la souveraineté du Qatar, les Etats-Unis dévoilent, en fait, aux yeux des monarchies du Golfe leur vrai visage et leurs visées réelles sonnant ainsi le réveil en sursaut des pays de la région. Ces derniers seront d’autant plus contraints à changer de cap que le Premier ministre israélien Netanyahu, de plus en plus audacieux, a lancé à leur adresse un ultimatum qui a valeur d’une véritable déclaration de guerre : « Je dis au Qatar et à toutes les nations qui hébergent des terroristes: vous devez soit les expulser, soit les traduire en justice. Parce que si vous ne le faites pas, nous le ferons", a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par son bureau.
Il est à espérer que le Sommet arabo-islamique d’urgence consacré à la récente attaque israélienne qui se tiendra, aujourd’hui, à Doha en prendra bonne note et ne sera pas un énième rendez-vous manqué et une énième désillusion. Les dirigeants arabes se retrouvent, en fait, devant le fait accompli car plus aucun pays arabe n’est désormais à l’abri de la folie agressive sioniste qui leur impose en fait un défi existentiel, à savoir être ou disparaitre. Le choix est vite fait en principe avec un minimum de réalisme et de bon sens. Dos au mur, les pays arabes n’ont aucun intérêt à manquer, cette fois-ci, ce rendez-vous avec l’histoire. Ils doivent sortir de leur torpeur et faire preuve de réalisme dans l’unité et la discipline ou dépérir dans l’indifférence…

C.B.

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