Par Chokri Baccouche
Acte 1 : Le président américain, Donald Trump, a appelé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après les frappes sionistes contre plusieurs dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas. Durant cette conversation téléphonique « houleuse », rapportent le Wall Street Journal et le site Axios, le locataire de la Maison Blanche a qualifié l’attaque israélienne d’ « inacceptable et peu judicieuse », d’autant plus qu’elle avait eu lieu sur le territoire d’un allié américain qui sert de médiateur pour mettre fin à la guerre à Gaza. Une source de l’administration U.S a même confié au Wall Street Journal que Trump était “très frustré” de ne pas avoir été informé à l’avance par Israël des frappes menées au Qatar. Il l’a appris par l’armée américaine alors que l’attaque était déjà en cours.
Acte 2 : Les deux dirigeants auraient eu une seconde conversation téléphonique “plus cordiale” dans la journée de mardi. Trump aurait demandé à Netanyahu si l’attaque avait été couronnée de succès, selon le Wall Street Journal. Le Premier ministre israélien aurait répondu qu’il ne savait pas.
Tenez-le pour dit, Donald Trump n’était pas du tout au courant de l’attaque israélienne. Il a appris la « terrible » nouvelle qui l’a complètement bouleversé par l’intermédiaire de l’Etat major de son armée alors que les dés étaient déjà jetés et qu’il ne pouvait, par conséquent, intervenir à temps ou faire quoi que ce soit pour persuader son alter-ego israélien à revenir à de meilleures intentions. Humm ! Cette version des faits parait un peu trop tirée par les cheveux. Non sans raison d’ailleurs, car il est bien difficile de croire que la base militaire américaine au Qatar, la plus grande au Moyen-Orient, qui dispose de surcroit d’une logistique high-tech ultrasophistiquée dont on dit capable de déterminer avec précision le sexe d’une mouche en plein vol, n’ait pas été en mesure de détecter longtemps à l’avance l’intrusion de toute une escadrille d’avions de combat potentiellement ennemis dans l’espace aérien d’un pays « ami » qu’elle avait la charge, paradoxalement, de protéger.
A la lecture des deux précédents actes, on est en droit de penser en tout cas à une mise en scène de piètre qualité. D’ailleurs, même Bobo La Fleur, un illustre inconnu pas du tout rompu aux vicissitudes de la politique, arrivera à la conclusion qu’on a affaire à un médiocre vaudeville. Une sorte de Comedia d’el Arte fondée sur le partage des rôles entre les deux principaux protagonistes de cette pièce de théâtre qu’on peut d’ailleurs titrer : « Aux bons soins des canards sauvages de chez Maxo ». Le fait que Donald Trump se soit très vite réconcilié avec le Premier ministre israélien quelques heures après lui avoir passé un prétendu savon pour avoir des nouvelles sur le résultat de cette sordide et lâche attaque confirme, de manière évidente, la complicité des deux dirigeants.
L’avion, véritable palace flottant, gracieusement offert par le Qatar au président américain lors de sa dernière tournée moyen-orientale, n’a pas donné finalement l’effet escompté. Pas plus d’ailleurs que le juteux pactole de plusieurs milliards de dollars que le riche émirat compte investir aux Etats-Unis pour trouver grâce aux yeux du locataire de la Maison Blanche. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, de nombreuses études psychologiques nous apprennent qu’en offrant un cadeau, on peut augmenter le niveau d’énergie, la durée de vie, les sentiments d’amour et de bonheur, et même soulager les douleurs et réduire la tension artérielle. Les dirigeants du Qatar sont certainement bien placés à l’heure qu’il est pour confirmer ou infirmer les constats dressés par ces savantes études scientifiques qui semblent, en tout cas, méconnaitre la véritable psychologie qui anime les hommes politiques et plus spécifiquement celle qui prévaut actuellement dans les cercles du pouvoir outre Atlantique. Au pays de l’oncle Sam justement et pour les beaux yeux du protégé israélien, on ne fait pas de… cadeau même au plus généreux des donateurs. Au mieux, la devise porte sur le service service, camarade après. Au pis, « sévices, sévices, à prendre ou à laisser ». Décidément, les dirigeants arabes ont un sacré retard dans l’allumage pour ne pas admettre cette évidence qui crève pourtant l’écran…
C.B.