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Editorial : Pour rester toujours compétitif … - Par Hassan GHEDIRI

Partout dans le monde, les pays investissent dans les infrastructures aéroportuaires qui se métamorphosent pour offrir aux passagers une expérience de voyage de qualité supérieure et faire face à une concurrence agressive entre les compagnies de transport aérien et les destinations touristiques. Les prévisions de l’Organisation de l’aviation civile internationale (ICAO) qui tablent sur plus de 6 milliards de passagers aériens à l’horizon de 2030, ne laissent aucun doute sur l’augmentation effrénée du trafic dans le monde qui semble prendre au dépourvu des pays restés attachés à des modèles logistiques obsolètes et incapables d’adapter rapidement et durablement l’infrastructure de leurs aéroports aux nouvelles exigences.
Malheureusement, la Tunisie fait partie de ces pays qui manquent de s’intégrer pleinement dans cette dynamique et de tirer profit de la révolution du transport aérien mondial. Pourtant, notre pays a un potentiel immense. L’aéroport d’Enfidha-Hamamet, sous-exploité, se distingue par exemple avec une capacité théorique estimée à 7 millions de passagers par an, pouvant être étendue à environ 30 millions selon les projections initiales des investisseurs. Pour considérer à sa juste valeur l’importance de l’exploitation optimale des infrastructures aéroportuaires pour un pays comme la Tunisie, précisions que pour chaque 100 mille passagers supplémentaires transitant régulièrement par nos terminaux, ce sont environ 25 millions d’euros qui viennent renflouer les caisses, et ce, en plus de quelque 400 emplois directs et indirects générés par le même fait. C’est-à-dire que les aéroports tunisiens constituent un générateur de croissance qui reste trop sous-exploité.
En effet, la carte aéroportuaire de la Tunisie est composée de 14 aéroports, dont bon nombre figurent dans le réseau des aéroports internationaux. La capacité globale de l’ensemble de ces terminaux dépasse 20 millions de passagers. Seulement la moitié de ce grand potentiel est aujourd’hui exploitée. Pire, la plupart des aéroports régionaux, qui pourraient valoriser la diversité culturelle et géographique du pays, sont presque laissés à l’abandon. Tabarka, Tozeur et Sfax-Thyna, par exemple, sont quasiment mis au point mort avec des taux de fréquentation presque nuls. D’autres aéroports comme celui de Gafsa ou de Tozeur, stagnent dans un état presque fantomatique. Pourtant, ils devaient tous jouer leur rôle de locomotives de développement et transformer l’image de la destination touristique de la Tunisie dominée par un balnéaire au bout de souffle.
La Tunisie ne manque pas d’atouts, mais elle reste grandement handicapée par le manque de vision stratégique et d’investissement dans le développement de ses infrastructures aéroportuaires. La sous-exploitation du potentiel disponible et les retards criants dans la modernisation des équipements ainsi que la lenteur dans la mise en place des réformes font que nos aéroports évoquent souvent de très mauvaises expériences pour les passagers locaux et étrangers. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’aucun aéroport tunisien ne parvienne à décrocher une place dans les classements des 100 ou même 500 meilleurs aéroports dans le monde. C’est en revanche dans les classements des pires aéroports que la Tunisie est de temps en temps citée par certaines agences se référant aux avis des voyageurs. C’est pour rappeler que les aéroports ne sont point de simples bâtiments abritant des services destinés à faciliter le déplacement des personnes entre les pays et les continents, mais de véritables vitrines qui font rayonner l’image de la destination.
Pour espérer rester compétitive face aux concurrents touristiques directs du sud de la méditerranée, tels que le Maroc, l’Egypte, la Turquie un la Grèce, la Tunisie doit comprendre que l’avenir de son tourisme se construit dans ses aéroports, et donc placer la modernisation de ces infrastructures en tête des priorités de développement.     
H.G.


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