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Vers la révision du règlement européen encadrant l’agriculture biologique : La Tunisie devrait-elle se méfier d’un durcissement des normes ?

Par Hassan GHEDIRI

Jusqu’au 31 août dernier, les exportations des produits agricoles biologiques tunisiens ont rapporté 558 millions de dinars. Une manne qui pourrait être prochainement mise à mal…

D’après une note publiée par la direction générale de l’agriculture biologique, la Tunisie exporte 87% de ses produits biologiques vers le marché européen, principalement l’Italie (45%), l’Espagne (17%) et la France (10%). Ces exportations, par ailleurs dominées par l’huile d’olive biologique avec des revenus dépassant les 665 millions de dinars collectés entre novembre 2024 et août 2025, seront confrontées à de nouvelles réglementations sur les marchés européens.

A partir du 15 octobre 2025, tous les produits issus de l’agriculture biologique qui entrent sur les marchés de l’Union européenne doivent remplir exactement les mêmes exigences imposées aux agriculteurs européens.

Adoptés le 1er janvier 2025 et applicables à compter du 15 octobre, les changements redéfinissent le système d’importation des produits biologiques au sein de l’UE par un nouveau règlement. Ce dernier vise l’harmonisation des règles de production et des normes de qualité entre les produits importés et ceux produits au sein de l’UE.

Un des principaux changements concerne la certification des producteurs qui devront se conformer à des règles plus strictes en matière de culture, de gestion et de contrôle de leurs produits biologiques destinés aux consommateurs européens. L’UE veut ainsi garantir que les mêmes règles s’appliquent à tous les producteurs certifiés, qu’ils soient situés en Europe ou ailleurs dans le monde.

Pour les pays tiers, comme la Tunisie, la nouvelle réglementation apporte un changement fondamental qui concerne la normalisation, en passant du principe de l’équivalence au principe de conformité. Jusque-là, la réglementation européenne prévoyait un régime d’équivalence par le biais duquel un statut de « pays équivalents » est attribué aux pays avec lesquels sont conclus des accords commerciaux leur permettant de vendre leurs produits agricoles biologiques sur les marchés européens.
Règles du jeu.

Dans les autres pays, l’inspection et la certification relevaient de la responsabilité des organismes de contrôle reconnus par la Commission européenne, mais sur la base des standards biologiques appliqués dans les pays tiers et qui sont conformes à l’agriculture biologique, c’est-à-dire équivalents à la réglementation européenne.

Désormais, avec le nouveau règlement européen, les producteurs des pays tiers, y compris les agriculteurs tunisiens qui cultivent des produits agricoles biologiques destinés à l’exportation vers l’Europe, doivent se conformer exactement aux mêmes règles que les agriculteurs européens. 

Comme tous les pays du Sud, la Tunisie risque donc d’être durement pénalisée par le nouveau changement des règles du jeu dans le marché européen de l’agriculture biologique. D’ailleurs, en Tunisie, l’agriculture biologique se mesure principalement par ses exportations.

D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, en 2024, la superficie certifiée bio aurait dépassé les 300 mille hectares, dominés, comme nous l’avons déjà souligné, par les exploitations oléicoles. Une superficie grâce à laquelle la Tunisie se positionne comme leader africain dans l’agriculture biologique.

Notre pays qui ambitionne de devenir un des plus grands producteurs mondiaux table sur la diversification des produits et l’élargissement de sa gamme de produits bio au-delà de l’huile d’olive et des dattes.

H.G.

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