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Sous-traitance : Que faire pour éviter des licenciements massifs…

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Mettre fin à la sous-traitance, c’est bien, mais que faut-il faire par ces temps de crises pour accompagner les entreprises dans l’application de la nouvelle loi et surtout éviter les licenciements en masse?

Pas de demi-mesures pour le chef de l’Etat concernant l’abolition de la sous-traitance qui a, en effet, plaidé lundi dernier pour une rupture franche avec cette pratique. Le président de la République a, également, insisté sur la clarté et la portée du projet de décret interdisant le recours à la sous-traitance dans le secteur public. Il a, dans ce sens, évoqué la dissolution prochaine de la société Itissalia Services «L’Itissalia Lilkhadamat» et l’intégration de ses agents dans les structures où ils travaillent.
ITISSALA est une entreprise détenue principalement par des sociétés publiques. Elle est spécialisée dans les prestations de services aux entreprises et aux particuliers. Elle met à la disposition de ses clients plusieurs prestations. Il s’agit d’un sous-traitant de main-d’œuvre, peut-on lire dans une dé-pêche de l’agence officielle TAP. Pour certains observateurs, cette volonté doit être accompagnée de mesures de nature à aider les entreprises à ne pas licencier en masse les employés sous contrat à durée déterminée.
Interrogé à ce sujet, l’expert en économie et en gestion, Mohamed Salah Jennadi, nous a confié : «Accorder des avantages fiscaux aux entreprises et alléger les charges sociales sont le seul moyen pour éviter des licenciements en masse. Il faut, en effet, savoir que d’après les statistiques dévoilées par l’Association tunisienne des petites et moyennes entreprises (Anpme), environ 200.000 PME sont en faillite en 2023 contre 120.000 en 2022. 35,6% des PME tunisiennes n’ont pas, égale-ment, recruté de personnel pour des raisons financières. Le recours à la sous-traitance est, alors, pour la majorité des entreprises qui n’arrivent pas à supporter les charges sociales dues au recrutement direct

Un nouveau modèle économique
La Tunisie a besoin, et ce selon plusieurs spécialistes, d’un nouveau modèle économique, «du coup, la réforme du Code du travail doit s’inscrire dans le cadre de cet nouvel élan économique», nous dira, alors, notre interlocuteur du jour, en l’occurrence l’expert Mohamed Salah Jennadi. Et d’ajouter : « Il faut, en effet, savoir qu’une stratégie économique qui ne résout pas les problèmes sous-jacents à l’origine des difficultés économiques du pays a peu de chances de réussir. Et l’un de ces problèmes est certainement le manque de qualification des travailleurs tunisiens. Les compétences relativement modestes produites dans les écoles tunisiennes, en particulier dans les régions les plus reculées, risquent au final d’entraver la croissance du pays. Cela étant, le fait d’investir beaucoup plus de ressources pour élever le niveau de qualification et d’éducation aujourd’hui ne suffira pas en soi à accélérer la croissance. Il apparaît clairement d’après les tests existants que les coûts élevés de nature budgétaire et réglementaire de l’emploi sont également des obstacles à la croissance. Malgré l’intention qui prévaut derrière les exigences du marché du travail tunisien, le système en place nuit à l’emploi dans toute l’économie, à la productivité de la main-d’œuvre et à l’augmentation des salaires, tout en favorisant l’apparition d’activités informelles à petite échelle et à faible rendement, et finit par limiter une croissance dont la répartition est inégale. Beaucoup de travailleurs ne sont pas déclarés, et les entreprises tunisiennes utilisent d’autres mesures de façon inhabituelle pour contourner certaines obligations liées à l’embauche de travailleurs, notamment la sous-traitance et le travail à temps partiel. En outre, la taille des entreprises tunisiennes ne cadre pas avec les comparateurs internationaux, notamment par rapport au niveau du PNB du pays: la forte proportion d’entreprises de moins de six employés montre que l’économie tunisienne n’est pas propice aux entreprises de plus grande taille. Au vu des exigences formelles d’embauche, il n’est pas rentable pour les entreprises de recruter plus de personnel ni même, dans de nombreux cas, d’investir».

M.B.S.M.

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