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40% des victimes d’accidents en Tunisie sont des motocycles : Les motos chinoises sur le banc des accusés

Par Hassan GHEDIRI 

Dans certains hôpitaux de Tunisie, des espaces en urgence semblaient se forger la triste réputation d’être exclusivement destinés aux victimes des accidents impliquant la Forza chinoise.    

Un grave accident de la route a coûté la vie à quatre personnes, mardi soir, sur la route RN17 reliant les gouvernorats du Kef et de Kasserine. Trois jours plus tôt, un autre accident survenu sur la RN4 entre Gafsa et Sfax a fait deux morts et quatre blessés graves. Deux drames qui ont endeuillé six familles à quelques heures d’intervalle et qui soulèvent beaucoup de questions  sur les raisons d’une hausse spectaculaire de la mortalité routière en Tunisie.

Le dernier bilan donné par l’Observatoire national de la sécurité routière (ONSR) donne la chair de poule, avec une moyenne de trois décès et pas moins d’une vingtaine de blessés recensés tous les jours sur les routes du pays et ce depuis le début de l’année en cours.

La Tunisie, qui continue malheureusement à être classée parmi les pays enregistrant les mauvais résultats en matière de sécurité routière, trouvet du mal ces dernières années à juguler le fléau. Car malgré le durcissement de la législation et le renforcement du contrôle, les autorités se trouvent confrontées à beaucoup de défis posés par les comportements à risque. 

Malgré une baisse de 10% du nombre d’accidents constatées entre le 1er janvier et le 30 novembre 2025, le nombre de décès à en même temps bondi de 5%. Une flambée qui incombe en grande partie aux usagers des deux-roues motorisées qui regroupent les motos, les scooters et autres types de cyclomoteurs très répandus dans le pays et dont le nombre est estimé à 2 millions de véhicules. Selon les statistiques de l’ONSR, 40% des décès déplorés dans des accidents de la route cette année seraient des motocyclistes. 

L’explosion de la mortalité des accidents impliquant les deux roues motorisées est un phénomène préoccupant non pas seulement parce que les motards sont considérés comme les usagers qui s’exposent le plus aux dangers de la route, mais aussi à cause de leur tendance à enfreindre le plus souvent le code de la route. Anis Ben Hassoun, expert en sécurité routière,  souligne au ‘’Quotidien’’ l’importance de prendre en compte certains facteurs socio-économiques qui font qu’aujourd’hui on constate une hausse de gravité des accidents de la route et par ricochet une augmentation du nombre de décès imputés aux motocycles.

La détérioration de la qualité du transport en commun et la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens qui trouvent beaucoup de difficultés pour acquérir une voiture poussent bon nombre d’entre eux à recourir aux deux roues. 

2%

Le problème c’est que le parc des motocycles impliqué dans plus du tiers des accidents mortels dans le pays semble échapper complètement au contrôle et ne pas être en conformité aux normes en matière de sécurité. Seulement 2% des motocycles qui circulent aujourd’hui dans nos villes sont immatriculés, selon les chiffres officiels. Pour beaucoup de ménages modestes, la moto fait office du véhicule familial que l’on n’hésite pas à utiliser pour transporter trois voire quatre personnes.

Il faut souligner également l’émergence du phénomène de transport public par moto. Dans la capitale, les autres grandes villes du pays, on constate au cours des deux dernières années le nombre grandissant des motos stationnées des gares routières proposant un service de transport clandestin. Le phénomène, devenu un véritable problème de sécurité publique, doit inciter les autorités à prendre à son encontre des mesures drastiques.

Le hic c’est que le parc national des deux roues motorisées à l’image des motos-taxis qui roulent impunément dans nos villes au su et au vu des autorités est majoritairement composé de véhicules importées de Chine et qui trouvent un grand engouement à cause de leur coût abordable.

Notre interlocuteur note dans ce sens que certaines marques de scooters chinoises réputées par leur vitesse posent toutefois problème de puissance non conforme, car elles sont parfois homologuées et commercialisées avec une puissance déclarée inférieure à la réalité.

La fameuse moto Forza, particulièrement prisée par les Tunisiens, est par exemple supposée avoir une puissance de cylindre de 49 centimètres cubes (CC) alors que réellement elle est beaucoup plus puissante. D’ailleurs, dans certains hôpitaux de Tunisie, des espaces en urgence semblaient se forger la réputation d’être exclusivement destinés à la prise en charge des victimes des accidents impliquant la Forza chinoise.  

H.G.

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