Par Chokri Baccouche
La vengeance est un plat qui se mange désormais brûlant : il a suffi de quelques heures à peine après la vile attaque sioniste sur ses sites nucléaires et militaires, vendredi au petit matin, pour que l’Iran déclenche à son tour les foudres du ciel. Entre 150 et 200 missiles balistiques iraniens ont été ainsi lancés par Téhéran en représailles à cette agression israélienne odieuse, provoquant d’énormes dégâts matériels dans de nombreuses villes israéliennes. Le Premier ministre sioniste, Netanyahu, a découvert à ses dépens que son arrogance et son impertinence lui ont joué un très mauvais tour. Il avait pensé qu’il suffisait de liquider quelques hauts gradés des Gardiens de la révolution et bombarder une poignée de sites stratégiques pour briser le moral du peuple iranien et contraindre le régime à accepter le fait accompli et une reddition sans condition. Mal lui a pris en fait, car il a dû se rendre à l’évidence que l’Iran n’était pas un simple mouvement de résistance qu’il pouvait mettre au pas en éliminant simplement ses leaders, comme il l’avait fait au Liban après l’assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, mais une puissance militaire redoutable, capable de rendre des coups encore plus douloureux et de frapper au cœur même d’Israël comme le confirment les images des habitations détruites à Tel-Aviv diffusées en boucle par les médias internationaux.
Ce qui s’est passé, vendredi dernier, annonce l’émergence d’une nouvelle réalité au Moyen-Orient. La tournure des événements démontre en effet un changement majeur dans l’équilibre des forces en présence qui va impacter inévitablement la géopolitique de la région. En clair, l’Iran, considéré comme la pierre angulaire de l’Axe de la résistance et le dernier rempart qui fait obstacle aux velléités hégémoniques et expansionnistes de l’entité sioniste, s’est révélé être un adversaire non seulement coriace mais capable également et surtout de faire capoter les sombres projets de Netanyahu qui rêve de mettre à sa botte l’ensemble du Moyen-Orient pour régner en maitre absolu sur son présent et son devenir et concrétiser ainsi ses délires faussement messianiques.
En lançant sa blitzkrieg ou guerre éclair contre l’Iran, Netanyahu a commis en fait une erreur monumentale car il a pris des risques considérables dans sa folie ubuesque avec des chances infimes qu’il puisse réaliser les objectifs qu’il s’était fixés, et pour cause ! Les installations nucléaires iraniennes les plus stratégiques sont construites sous terre, voire sous des montagnes, certaines jusqu'à une profondeur de 800 mètres. L'armée israélienne ne posséderait pas de bombes antibunkers suffisamment pénétrantes pour percer cette barrière naturelle. Logiquement, on peut dire, donc, que Netanyahu court derrière des chimères, car les bombes larguées par l’aviation de son armée n’auront pas plus d’effet qu’une simple égratignure sur le dos d’un dinosaure. Tel est pris qui croyait prendre ? Il y a tout lieu de le croire : aveuglé par son outrecuidance démesurée, le Premier ministre israélien est tombé en fait dans son propre piège, car, loin de réaliser son objectif, il a renforcé en revanche la détermination des Iraniens à persévérer sur la même voie pour protéger les intérêts vitaux et l’intégrité territoriale de leur pays. Les appels lancés par Netanyahu à l’adresse des citoyens iraniens lors de son dernier discours télévisé, dans l’espoir de les faire monter contre le régime au prétendu motif qu’il va leur offrir la liberté, sont non seulement risibles mais également stupides. Les manifestations populaires qui ont eu lieu dans de nombreuses villes iraniennes ont au contraire donné la preuve formelle que le peuple iranien n’était pas prêt à trahir et vendre son pays à un ennemi sioniste qui cherche désespérément à le soumettre à la servitude.
Quelle sera l’issue de cette nouvelle guerre ? Ce conflit, qui est loin d’être asymétrique comme celui en cours à Gaza, va-t-il s’installer dans une durée indéterminée ou au contraire s’achever rapidement? Répondre à ces questions de manière précise n’est pas chose aisée dans l’état actuel des choses. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la riposte iranienne a faussé les calculs américano-sionistes et placé le trublion Netanyahu dans une situation peu amène au double plan militaire et politique. Militairement parlant, on peut dire en effet que la poursuite de cette guerre est une aventure à haut risque particulièrement pour le Premier ministre israélien. Bien que l’armée israélienne dispose d’une force de frappe aérienne largement supérieure à celle de l’Iran, il lui sera en effet extrêmement difficile voire impossible de gagner cette guerre. On doute fort par ailleurs que l’entité sioniste puisse supporter un conflit longue durée contre un ennemi iranien non seulement coriace et déterminé mais qui dispose également d’un arsenal vaste et sophistiqué comprenant des missiles balistiques et des armes hypersoniques d’une portée supérieure à 3000 km capables d’atteindre n’importe quelle cible en Israël avec une remarquable précision.
Confronté à une fronde de son armée qui exprime de plus en plus clairement son opposition à la guerre dans la bande de Gaza, Benjamin Netanyahu, qui a survécu de justesse la semaine dernière à un vote de défiance à la Knesset, va certainement chercher, en désespoir de cause, à entrainer les Etats-Unis dans ce nouveau conflit. Dans ce cas, on peut dire bonjour les dégâts car cette perspective risque non seulement d’embraser la région mais également déboucher sur un conflit mondialisé.
Dans l’intérêt de tous, la communauté internationale peut et doit nécessairement intervenir pour éviter le pire et mettre un terme à la folie belliqueuse d’un Benjamin Netanyahu qui cherche à embarquer la planète dans une sacrée galère pour sauver le peu qui reste de sa sanguinaire carrière politique. Le plus tôt serait d’ailleurs le mieux. La paix et la stabilité fragile dans le monde sont un enjeu trop précieux qu’on se garderait bien de les laisser à la merci d’un Néron en puissance, doublé du plus grand criminel de guerre du 21ème siècle…
C.B.