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« Call Center Tragedy » : Au-delà d’une simple chronique du mal-être contemporain, une interrogation d’une mémoire collective

La salle du 4ème Art à Tunis a accueilli, samedi 31 mai 2025, la première de « Call Center Tragedy », titre anglais de la pièce tunisienne Jacaranda. Il s’agit de la toute nouvelle création du Jeune Théâtre National, rattaché au Théâtre National Tunisien (TNT). Le texte et la dramaturgie sont signés Abdelhalim Messaoudi. La mise en scène a été assurée par Nizar Saidi. Cette production marque leur deuxième collaboration artistique, après Dark Side, présentée en 2021.

Pendant près de deux heures, « Jacaranda » explore les méandres d’un centre d’appel devenu théâtre de l’absurde et de la douleur : un espace où les lignes téléphoniques se croisent avec des lignes de vie brisées. Les personnages, interprétés notamment par de jeunes diplômés de l’École de l’Acteur, incarnent une jeunesse à la dérive, issue d’une génération qui, selon les mots du texte, « n’a pas hérité d’un pays, mais d’une impasse ».

Le metteur en scène façonne un univers visuel oppressant, où la lumière tamisée et les jeux d’éclairage renforcent le sentiment d’enfermement.

Abdelhalim Messaoudi propose, de son côté, une dramaturgie minutieusement structurée, qui confère au récit un souffle continu tout en ouvrant des brèches vers la mémoire, la douleur et les confessions intimes. Les dialogues sont nourris d’un lexique cru et direct. Ils traduisent, ainsi, une destruction intérieure profonde, faisant de chaque personnage le théâtre de son propre effondrement.

La jacaranda — cet arbre aux fleurs mauves dont la beauté fragile dissimule une profonde vulnérabilité — prête son nom à la pièce, métaphore filée incarnant des êtres traversés par un malaise existentiel profond. « Call Center Tragedy » va au-delà d’une simple chronique du mal-être contemporain : elle interroge une mémoire collective que le théâtre cherche à réhabiliter.

En invitant le spectateur à s’interroger sur sa propre quête de sens dans un monde désenchanté où les voix résonnent en un écho vide, Jacaranda, riche en symboles, se dresse comme un miroir d’une réalité sociale en crise. La pièce soulève cette question lancinante : peut-on réellement surmonter les séquelles d’un passé tragique, ou ne s’agit-il que d’une lueur passagère dans un tunnel sans fin ?

 

Le Quotidien avec TAP

 

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