Par Chokri BACCOUCHE
Aux grands maux, les grands remèdes : le gouvernement australien vient de prendre une mesure radicale pour protéger sa jeunesse du danger du numérique. Entrée en vigueur mercredi 10 décembre 2025, la mesure en question, une première historique, oblige désormais les réseaux sociaux tels qu’Instagram, Tik Tok ou Snapchat de supprimer les comptes des utilisateurs de moins de 16 ans.
Pour contraindre ces géants du numérique et réduire "les pressions et les risques" auxquels les plus jeunes sont confrontés sur internet, les autorités australiennes ont pris deux décisions majeures. D’une part, c’est aux plateformes elles-mêmes de se charger de vérifier l’âge des utilisateurs.
De l’autre, en cas d’infractions graves ou répétées, Meta, Tik Tok et compagnie, s’exposent à une amende pouvant atteindre 32 millions de dollars, soit l’équivalent de 96 millions de dinars. Un pactole qui démontre qu’au pays des kangourous on prend l’affaire très au sérieux et on ne badine pas avec les moyens pour prémunir les jeunes contre les effets pervers du numérique auxquels ils sont exposés au quotidien.
Il est établi scientifiquement que l'usage excessif des écrans impacte les apprentissages fondamentaux chez l’enfant et les jeunes adolescents. Cela se traduit par des troubles du langage, des problèmes de concentration et de mémorisation, des troubles du sommeil ainsi qu’une hyper agressivité et des difficultés sociales et relationnelles. A cela s’ajoute, bien évidemment, l’accoutumance qui devient morbide à la longue.
Les jeunes ne peuvent plus en effet se détacher de leur Smartphone et finissent par devenir l’esclave de ce gadget high-tech qui les déconnecte au fur et à mesure de la réalité. Tout ceci sans compter bien sûr les contenus et les publications fort peu recommandables qui pullulent sur les réseaux sociaux et qui ont surtout un impact désastreux sur la psychologie des enfants et des jeunes adolescents.
Certes, les technologies numériques peuvent présenter d’énormes possibilités pour améliorer les vies des gens, mais elles comportent également des inconvénients voire des risques et génèrent des problèmes de surveillance et de sécurité.
La régulation de l’usage des réseaux sociaux semble être à la mode depuis quelque temps un peu partout dans le monde et plus particulièrement dans les pays dits développés. Ainsi, dès l’an prochain, le Danemark, l’Italie, la Grèce, l’Espagne et la France vont tester l’identité numérique européenne, une application qui permet de vérifier les identités numériques des utilisateurs.
En Amérique, huit Etats ont déjà adopté des interdictions et en Asie l’addiction des plus jeunes aux écrans est devenue un réel problème de société. Si la Chine interdit depuis 2023 l’accès à internet aux mineurs la nuit et impose des temps de connexion limités en fonction de l’âge, une ville japonaise va encore plus loin. La municipalité de Toyoake, au centre du pays, a instauré une limite de deux heures d’écran par jour à tous ses habitants.
Chez nous malheureusement, il n’y a rien de tout cela. Aucune restriction n’est, en effet, à l’ordre du jour dans un pays, pourtant très connecté et où le numérique, avec ses avantages et surtout ses inconvénients et ses nombreux vices et sévices, règne en maitre sur les perceptions et influence le comportement de bon nombre de nos concitoyens tous âges et sexes confondus.
Bref, c’est une véritable «jungle numérique» qui prévaut dans nos murs jusqu’à nouvel ordre avec ses codes, ses harangueurs, ses rabatteurs, ses colporteurs de fausses nouvelles, ses pervers et ses obsédés. Toute une faune de drôles de zèbres trouve dans ce méli-mélo invraisemblable un terrain de prolifération idoine où ils distillent tous les fantasmes et les intox possibles et imaginables.
Il importe aujourd’hui, par conséquent, de prendre le train en marche, car il y a urgence de protéger, nous aussi, nos jeunes des effets pervers du numérique. Arme à double tranchant, l’immersion précoce des jeunes dans le monde virtuel façonne aussi leur comportement et leur émotion et les rend vulnérables à toutes sortes de dérives en ligne.
Il importe donc aujourd’hui de mettre bon ordre dans ce fatras, en commençant par les jeunes. Il n’est jamais trop tard pour faire bien les choses. A la condition de s’y prendre bien évidemment à temps et sérieusement. Le plus tôt serait certainement le mieux…
C.B.


