Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Le retour volontaire récemment de 138 migrants guinéens vers leur pays d’origine prouve qu’une bonne coordination international, notamment avec nos partenaires européens, peut aider la Tunisie à surmonter la crise migratoire…
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Tunisie vient d’annoncer qu’un vol de retour volontaire pour 138 citoyens guinéens vers Conakry a eu lieu mardi dernier. Cette opération s’inscrit dans le cadre de son programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration des migrants entrés en Tunisie d’une manière irrégulière.
L’organisation a précisé que ce programme est mis en œuvre en Tunisie avec le soutien de l’Union européenne et du gouvernement suédois, et en étroite collaboration avec les autorités tunisiennes et les représentations consulaires concernées.
Selon le site spécialisé Info Migrants, l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Tunisie a facilité, durant le mois de juillet 2025, le "retour volontaire" de 1 096 migrants. Ce sont, par ailleurs, plus de 5 000 migrants qui ont été rapatriés dans leur pays d’origine via l’agence onusienne et ce entre le 1er juillet et le 31 août 2025.
Dans un communiqué, l'OIM a salué des "avancées significatives de son programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) durant la première partie de l’année". En 2024, 7 250 migrants ont bénéficié de ce dispositif, contre un peu plus de 2 250 en 2023.
Pour Nawal Barkat, coordinatrice principale à la protection à l’OIM Tunisie : « La hausse constante des retours volontaires et de l’assistance à la réintégration reflète la confiance que les migrants placent dans l’OIM Tunisie, ainsi que la solidité de nos partenariats avec les parties prenantes nationales et internationales.
Nous restons pleinement engagés à garantir que chaque retour soit sûr, digne et adapté aux besoins des migrants de retour.» N’empêche que pour certains observateurs et au vu du nombre important des migrants subsahariens vivant en Tunisie, les autorités tunisiennes doivent exercer plus de pression sur nos partenaires européens afin de mieux gérer cette crise migratoire.
Egal à égal …
Si on se réfère aux textes et aux conventions, il est clair que l’Union européenne se veut un partenaire fiable de la Tunisie en matière de gestion des flux migratoires : « L'Union européenne s'efforce à fournir un appui financier additionnel adéquat, notamment pour les acquisitions, la formation et le soutien technique nécessaires pour améliorer davantage la gestion des frontières tunisiennes », nous apprend le Mémorandum d'entente sur un partenariat stratégique et global entre la République tunisienne et l'Union européenne.
«En pratique, l’Europe tarde à remplir ses engagements et, parfois, la Tunisie est acculée à faire face seule à cette crise migratoire », nous dira également le juriste Salem Chèrif. Et d’ajouter : « Il faut que nos partenaires rompent avec cette approche qui considère la Tunisie comme le gendarme de l’Europe. Il est temps de mettre en place une autre stratégie qui doit prendre en compte ce que j’appelle « la réalité tunisienne ». La Tunisie ne peut pas être un pays d'installation de migrants en situation irrégulière et ne peut garder que ses propres frontières. N’empêche que la coopération internationale pour lutter contre ce fléau est aussi importante.
Encore faut-il donner les moyens à des pays comme la Tunisie pour faire face à cette crise migratoire. Des fonds sont nécessaires et l’Union européenne par exemple ne fait pas assez d’effort pour soutenir la Tunisie dans sa lutte contre l’émigration irrégulière. La Tunisie ne reçoit de l’Union européenne qu’une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’émigration irrégulière.
C’est une somme dérisoire. Le président de la République avait, alors, raison lorsqu’en 2023 avait refusé l’aide européenne allouée à la lutte contre l’émigration illégale, car le montant ne respecte pas l’accord conclu en juillet de la même année. La Tunisie qui accepte la coopération n'accepte pas tout ce qui s'apparente à de la charité. »
M.B.S.M.