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Journées théâtrales de Carthage 2025 : Retour sur une édition très particulière

Par Imen Abderrahamani

 

Voilà, après une semaine de marathon entre représentations théâtrales, master-classes, forum…, le rideau est tombé le samedi soir sur la 26ème édition avec une belle consécration du théâtre tunisien. Retour sur le palmarès et quelques moments forts de l’édition !

 

Que reste-t-il de cette édition des JTC ? Certes, la triple consécration de la pièce de théâtre tunisienne « Les fugueuses » de Wafa Taboubi, reste l’un des événements marquants de l’édition. La pièce qui a remporté un Tanit d’or et également les prix de la meilleure interprétation féminine attribué à Lobna Nooman et le meilleur texte pour également Wafa Taboubi ne peut pas passer inaperçue. Il a été déjà salué par l’une des figures marquantes de la théorie théâtrale contemporaine Patrice Davis (sa présence aux JTC est également l’un des moments forts de l’édition), lors de son master-class. Ce chercheur qui a à son actif de nombreuses publications spécialisées dans le théâtre dont deux dictionnaires a noté qu’il a bien apprécié la construction narrative et la profondeur des personnages, et également leurs performances minutieuses et captivantes. A cette belle consécration « féminine », s’ajoute une autre victoire théâtrale tunisienne avec le Tanit de Bronze, attribué à « Jacaranda », une production du Théâtre National Tunisien (Jeune), mise en scène par Nizar Saiîdi et écrite par Abdelhalim Messaoudi.

Outre la remise des prix, la cérémonie de clôture qu’a présenté brillamment le duo Samia Hami et El Wathek Bellah Chakir, a été également une occasion pour saluer la mémoire de deux artistes qui nous ont quittés au cours de la semaine écoulée, au cœur des JTC, l’acteur tunisien Noureddine Ben Ayed et l’actrice algérienne Beyouna. C’était également une occasion pour saluer le parcours de quelques artistes qui ont marqué de leurs empreintes la scène théâtrale tunisienne : le chercheur et l’universitaire Mohamed Messaoud Driss et les artistes Leila Toubel, Abdelhamid Gayess et Aziza Boulabyar.

Au-delà de cette clôture, couronnant la manifestation, l’un des faits marquants de l’édition est l’affluence du public. De nombreux spectacles ont affiché complet, témoignant de l’intérêt croissant pour le festival. Parmi les pièces les plus courues figurent « Le Roi Lear » de Shady Sorour (Égypte) et « Rêve(s)… Une comédie noire » de Fadhel Jaïbi, avec Jalila Baccar à l’écriture. D’autres productions, comme « Amore » de Dippo Delbono, « Métamorphose » de Kaïs Boularès, « Sogra, une étoile dans le ciel » de Hatem Derbal, « Sur le maqam du Carmel » de Walid Ayadi et Naoufel Azara sous la direction de Taoufik Jebali ou « Testostérone » de Cyrine Gannoun, ont également capté un large public, renforçant la notoriété des JTC. Pour les organisateurs comme pour les artistes, cette affluence ne peut qu’être un bon signe, assurant le bon déroulement de la manifestation.

Ces moments marquants

L’un des points forts de l’édition est certes le forum international qui a permis au grand public, généralement formé des professionnels tunisiens et étrangers et des médias nationaux et internationaux d’écouter des hommes et des femmes qui ont voué leurs vies au 4ème art parler de leurs choix artistiques, esthétiques, de leurs visions, dans des débats « spontanés ». Le podium du forum a vu ainsi défiler des sommités de la scène théâtrale comme Taoufik Jebali, Fadhel Jaïbi et Oum Ezzine Ben Chikha (Tunisie), Ali Mahdi Nouri (Soudan), Fabio Tolledi (Italie) qui ont abordé quelques facettes de leurs expériences. Le directeur de l’édition, Mounir Argui, a annoncé que les communications du forum seraient publiées dans un ouvrage, une initiative qui permettra aux chercheurs et au grand public de mieux saisir la richesse des parcours présentés. Une promesse qu’on espère qu’elle trouve de bons échos auprès du comité d’organisation de la prochaine édition.

Le deuxième point fort de cette 26ème est certes ces nombreux ateliers qui se sont déroulés à l’Institut supérieur d’art dramatique et qui ont été animés par des experts dans différentes disciplines telles que la mise en scène, le passage du texte à la scène, le jeu d’acteur et qui ont permis aux jeunes artistes de perfectionner leurs compétences et d’enrichir leur parcours professionnel.

L’édition 2025 des Journées théâtrales de Carthage a été un véritable succès, tant sur le plan artistique qu’en termes de fréquentation. Toutefois, pour que le festival continue de rayonner et de jouer un rôle central dans le développement du théâtre contemporain arabe et africain, quelques ajustements et propositions mériteraient d’être explorés. Parmi elles, la mise en place d'une mini-foire du livre théâtral, l’instauration d’un prix du public pour récompenser la meilleure pièce, ainsi qu’un marché dédié aux spectacles, permettraient de dynamiser encore davantage l’événement et d’enrichir l’expérience des spectateurs et des professionnels. Alors, à la prochaine édition et à bon entendeur !

Imen ABDERRAHMANI

Palmarès complet

**Compétition officielle

Tanit d’Or : « Les Fugueuses », Wafa Taboubi (Tunisie)

Tanit d’Argent : « Le mur », Sinan Al-Azzawi (Irak)

Tanit de Bronze : « Jacaranda », Nizar Saidi (Tunisie)

Meilleure interprétation masculine : Ahmed Abou Zid, « Free Fall » (Égypte)

Meilleure interprétation féminine : Lobna Noomen, « Les Fugueuses » (Tunisie)

Meilleur texte : Wafa Taboubi, « Les Fugueuses » (Tunisie)

Meilleure scénographie : Ali Soudani, « Le mur » (Irak)

** Prix parallèles

·         Théâtre de la liberté

Centres de rééducation

Grand Prix : « Une vie sans addiction »- Centre d’El Mourouj (mise en scène : Khaled Al-Amdouni & Seifeddine Oueslati)

Deuxième Prix : « Awlèd ‘Arouche »- Centre de Souk Jedid (mise en scène : Mahmoud El-Ghabi)

Troisième Prix : « Séance secrète »- Centre de Sidi El-Hani (mise en scène : Kholoud Al-Mathnani)

Clubs des institutions pénitentiaires

Grand Prix : « Sadd Aakel »- Prison civile de Borj Erroumi (mise en scène par l’unité des détenus)

Deuxième Prix : « Al Hawia » (Le conteneur)-Prison pour femmes de Manouba (mise en scène : Rebab El Bouzeidi)

Troisième Prix : « Moula El Bache »- Prison civile d’Ennadhour (mise en scène : Hamza Essennani)

·         Prix Najiba Hamrouni pour la liberté d’expression, attribué par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) à la pièce « Znous » de Salah Hamouda, avec une mention spéciale pour Métamorphose de Kais Boulares.

 

 Imen.A.

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