Par Hassan GHEDIRI
Dans une étude destinée à accompagner l’adoption de l’intelligence artificielle dans les politiques publiques, les spécialistes identifient les opportunités de transformation dans les secteurs stratégiques…
Après s’être intéressé par le passé, à des thématiques de recherches traitant des problématiques sociales et économiques majeures telles que la migration clandestine, la fuite des cerveaux, la sécurité énergétique et alimentaire, l’économie informelle, la crise des finances publiques, l’Institut tunisien des études stratégiques vient de rendre publics les résultats d’une nouvelle étude sur l’Intelligence artificielle en tant qu’un instrument au service de ce qu’on appelle Etat social.
Dans l’introduction de cette nouvelle étude réalisée par des experts multidisciplinaires et éditée le 1er décembre 2025, l’ITES souligne que dans un contexte de transformation numérique majeure et accélérée, l’IA s’impose aujourd’hui comme une technologie structurante capable de redessiner en profondeur les modes de production, d’accès et de gestion des services publics.
En tant que telle, et pour ce qui est de la Tunisie qui tarde encore à adopter une stratégie nationale dans laquelle sont défini les orientations et les objectifs à l’égard de ces transformations mondiale, l’IA peut, selon les experts, soit amplifie les déséquilibres sociaux et économiques existants, soit les corriger. Ceci dépendait de l’approche adoptée par les politiques publiques selon laquelle l’IA devait normalement pensée comme un outil de justice sociale.
L’enjeu pour l’Etat tunisien est donc double, parce qu’il consiste, d’après l’ITES d’accompagner l’intégration de l’IA dans les services publics, tout en garantissant son accessibilité, son éthique et sa finalité sociale.
Car l’IA peut, insistent les auteurs, renforcer concrètement le rôle social de l’État en modernisant des secteurs essentiels, tels que l’éducation, la santé, la protection sociale, le transport et la gouvernance publique.
Des solutions
Autant de domaines où les technologies intelligentes et l’automatisation peuvent améliorer la qualité du service public, réduire les inégalités régionales et mieux orienter les politiques sociales vers les populations les plus vulnérables. Dans l’éducation, par exemple, l’IA peut aider à détecter le décrochage scolaire, personnaliser l’apprentissage ou rationnaliser la gestion administrative.
Dans la santé, elle peut soutenir le diagnostic précoce, fluidifier les parcours de soins et pallier les disparités entre régions. Dans la protection sociale, les algorithmes peuvent favoriser un ciblage plus juste des aides, lutter contre les fraudes et optimiser l’allocation des ressources.
Quant aux infrastructures, l’IA offre des solutions de maintenance prédictive, de gestion du trafic ou d’amélioration logistique, contribuant à un meilleur aménagement du territoire. Pour l’ITES, l’enjeu dépasse la simple modernisation technique pour repositionner l’État au cœur des transformations à venir, en évitant que les technologies ne creusent davantage les fractures sociales et territoriales.
L’Institut rappelle, à ce titre, que l’IA ne peut être un instrument de progrès que si elle est accompagnée d’un cadre éthique, d’une gouvernance transparente et d’un accès équitable à ses bénéfices pour tous les citoyens.
En tant qu’instrument d’aide à la décision publique et de pilotage du changement, l’ITES se positionne de manière singulière au niveau national, au cœur des enjeux politiques, économiques, géopolitiques et sociaux du pays.
Ses travaux visent à éclairer le décideur sur les politiques publiques de demain et à faciliter la mise en œuvre des réformes structurelles qu’appelle le processus démocratique dans lequel la Tunisie s’est engagée. Dans cette dynamique, l’intégration maîtrisée et socialement orientée de l’intelligence artificielle apparaît comme l’une des clés majeures du chantier de modernisation de l’État.
H.G.

