Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La Société tunisienne de biologie clinique a révélé hier en marge de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA que la Tunisie a enregistré 415 nouveaux cas de VIH. Où en sommes-nous, justement, dans la lutte ?
Selon le coordinateur du programme national de lutte contre le VIH/SIDA à la direction des soins de santé de base, Samir Mokrani, le nombre total de personnes vivant avec le VIH/SIDA et sous traitement en Tunisie a atteint 2 236 jusqu’au mois de décembre 2024 dont 200 étrangers.
Mokrani a également révélé que 415 nouveaux cas ont été mis sous traitement et 36 cas de décès ont été enregistrés durant l’année 2024, « ce chiffre pourraient être plus élevé en raison de décès survenu dans des services de santé non spécialisées dans le traitement du VIH ou à domicile et ne figurant pas dans les statistiques officielles » a-t-il déclaré à l’agence TAP en marge d’une journée d’étude sur la lutte contre le SIDA, organisée par l’association tunisienne de biologie clinique, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA.
Le coordinateur du programme national de lutte contre le VIH/SIDA à la direction des soins de santé de base a, en outre, indiqué que « plus de 80% des personnes vivant avec le virus en Tunisie suivent leur traitement régulièrement et plus de 70% ont une charge virale faible, ce qui les rend non transmissibles ». Et d’ajouter : « Ces chiffres reflètent la réussite du programme national qui garantit un traitement gratuit pour les Tunisiens et les étrangers résidents ».
A rappeler que l’Association tunisienne de lutte contre les maladies avait mis en garde contre l’augmentation des pratiques sexuelles non contrôlées sous effet de la drogue et de l’alcool, dont l’usage se répand chez les jeunes.
Et même si la Tunisie dispose de quatre centres publics de soins et de dépistage situés à Tunis, Sfax, Sousse et Monastir, les chiffres sont en hausse à cause entre autre du manque des compagnes de sensibilisation. Où en sommes-nous, justement, dans la lutte contre le SIDA?
Stigmatisation…
Pour l’activiste, Amir Haj Massoud, «la stigmatisation du VIH en Tunisie est un problème majeur qui freine le dépistage, le traitement et la prise en charge des personnes vivant avec le virus. Cette stigmatisation se manifeste par des discriminations, notamment au sein des établissements de santé, et par le poids des tabous qui empêche les personnes de connaître leur statut sérologique et de suivre leur traitement ».
Dans un témoignage accordé au site Nawat, un malade porteur du virus du SIDA a dénoncé le mauvais traitement dont il a été victime dans un hôpital de Nabeul, « J’ai été admis au services d’urgence après un accident de la route et le médecin a découvert un début d’hémorragie au foie et décide de m’opérer. C’est à ce moment que les problèmes commencent. L’anesthésiste de l’opération découvre qu’il est atteint du VIH.
L‘anesthésiste a interpellé ma femme devant les autres patients et commencé à lui poser des questions embarrassantes. Il a continué à l’humilier en public en répétant le mot « Sida » à haute voix. Après, c’était le tour de l’infirmière de harceler ma femme et même le gamin qui était déjà assez traumatisé par l’incident », a-t-il révélé.
Pourtant, la Tunisie dispose depuis les années 2000 d’un programme national de lutte contre le SIDA. Ce programme s'articule autour de programmes de dépistage et de prévention. Le dépistage du VIH est accessible dans les laboratoires de ville ou hospitaliers, et des programmes spécifiques ciblent les populations les plus à risque, comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, pour lesquels la prévalence est la plus élevée du pays.
M.B.S.M.

