Présenté depuis un certain temps comme étant un étendard au nom duquel sont déclamés les discours officiels et surtout sont censés être conçues et appliquées les politiques économiques et sociales, l’Etat social a du mal à s’affirmer dans une approche par laquelle se déploient des actions ayant pour objectif primordial la redistribution équitable des richesses et l’amélioration du niveau de vie de toute la population.
Les difficultés à asseoir l’Etat social ont été constatées lors des discussions budgétaires qui se poursuivent au parlement et qui devraient normalement déboucher dans quelques heures sur l’adoption du document préparé par le gouvernement et qui ne serait, en fin de compte, retouché que très légèrement.
Dans l’absolu, tous les experts sont presque unanimes à considérer que des notions telles que la consolidation de la justice sociale et le renforcement de la souveraineté demeurent des déclarations de bonne intention limitées à des mesures conjoncturelles.
Le rejet de certains articles comme celui suggérant l’augmentation des impositions des plus riches, ou bien celui adopté après un amendement controversé et acrobatique et qui est supposé permettre aux ménages d’acquérir des véhicules d’occasion importés à des prix avantageux sont des exemples qui tendent à contredire les discours sur l’édification de l’Etat social.
Même si l’on se permettait d’admettre, par exemple, l’augmentation des salaires et le recrutement dans le secteur public comme des actions relevant de la responsabilité sociale de l’Etat, de tels choix demeurent sans impact réel parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans une stratégie globale de croissance et de justice sociale.
L’Etat social ne peut se traduire seulement par une revalorisation des salaires ni à travers la création de milliers d’emplois non productifs dans la fonction publique. Il ne peut prospérer et s’affirmer que par le biais des politiques le développement porteuses d’une véritable révolution économique et sociale.
C’est-à-dire la mise en œuvre d’actions permettant d’améliorer la qualité des prestations sociales, de réduire le coût de la vie et de soutenir la croissance de manière durable. Ceci implique le financement des grands services publics collectifs comme l’éducation, la santé, la culture, la protection sociale, les transports collectifs, les logements sociaux et l’infrastructure urbaine.
Le projet d’Etat social proclamé par la présidence de la république que le gouvernement doit bâtir laisse cependant une impression d’ambiguïté qui rend difficile tout jugement quant à son implémentation concrète.
D’aucuns sont persuadés que l’idée d’un Etat social ne peut se matérialiser dans un environnement où plus de la moitié de l’économie échappe à la fiscalité, où les classes moyennes s’appauvrissent et où les jeunes diplômés continuent de fuir faute de perspectives sociales et professionnelles dignes.
Les promesses politiques d’instaurer la justice sociale continuent à se heurter à une disparité économique aggravée en permanence par la crise des finances et les difficultés à engager les réformes.
Une situation qui entraine des pertes colossales et incite l’Etat à engager en urgence les réformes qui permettent de juguler l’évasion fiscale d’assainir climat d’investissement, mais aussi à instaurer des mécanismes de protection sociale adaptés aux nouveaux défis de la précarité, la digitalisation et la transformation du marché d’emploi.
H.G.

