Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Selon la chaîne CBS news, l’administration Trump envisage la Libye comme prochaine destination pour les migrants expulsés, notamment des criminels dangereux. Quel est l’impact de cette mesure sur la stabilité non seulement de la Libye, mais aussi de toute la région ?
Relayée par l’agence turque, Anadolu agency, l’information a été révélée le 4 mai par la chaîne CBS News. L’administration Trump se prépare, en effet, « à entamer une vaste opération d’expulsion de migrants vers la Libye, ce qui pourrait donner lieu à une extension de sa stratégie d’expulsion massive vers ce pays déchiré par les conflits», a rapporté CBS News, mardi dernier. Deux responsables américains ont révélé à CBS News que «les expulsions pourraient commencer dès cette semaine et qu’elles seraient probablement effectuées par l’armée américaine, dans le cadre d’une extension d’un programme déjà controversé». Selon la même source, «il n’est pas encore clair quels migrants pourraient faire l’objet d’une expulsion dans le cadre du plan proposé, ni s’ils seraient placés en détention par les autorités libyennes à leur arrivée». Depuis, par ailleurs, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche des ressortissants de pays tiers d’Asie et d’Afrique ont été envoyés dans des pays d’Amérique centrale comme le Costa Rica et le Panama. Un groupe de Vénézuéliens accusés d’appartenir à des gangs a été envoyé même au Salvador, qui les a transférés dans une prison de haute sécurité. A noter que le Département d’État américain déconseille au même moment, en revanche, aux Américains de ne pas se rendre en Libye, citant des risques tels que «la criminalité, le terrorisme, les mines unipersonnelles non explosées, les troubles sociaux, les enlèvements et les conflits armés». Quel est l’impact, de fait, de cette mesure sur la stabilité non seulement de la Libye, mais aussi de toute la région ?
Menaces tout azimuts…
Alors que la représentante spéciale des Nations unies pour la Libye, Hanna Tetteh, avait déclaré le 6 avril dernier devant le Conseil de sécurité des Nations unies que les citoyens libyens étaient confrontés à des crises quotidiennes, notamment à des difficultés économiques, à l’insécurité et à l’instabilité politique, les experts s’interrogent, alors, comment un pays déchiré comme la Libye pourrait gérer ce nombre important de migrants qui comptent parmi eux des criminels très dangereux. Pour l’universitaire et activiste, Salem Chérif : «Paradoxalement, le rapport annuel sur les droits de l’Homme publié l’année dernière, le Département d’Etat américain a dénoncé les «conditions de détention dures et dangereuses pour la vie» ainsi que les «arrestations ou détentions arbitraires» en Libye. Comment, de fait, expliquer cette décision américaine d’extrader de migrants et de détenus vers un pays qui ne respecte pas les droits de l’Homme si ce n’est, vraisemblablement, par un marché politique entre les USA et certains dirigeants politiques libyens qui n’ont qu’un seul objectif, à savoir rester au pouvoir quitte à faire des concessions dont les retombées sont lourdes de conséquences non seulement pour la Libye, mais aussi pour toute la région».
Et d’ajouter : «L’on sait que déjà la Libye comme ses voisins tunisiens, algériens et marocains peinent à trouver des solutions pour le flux sans précédent de migrants subsahariens, comment, alors, un pays comme la Libye va gérer ce nouveau flux. A mon avis, notre pays doit anticiper et demander des éclaircissements aux autorités libyennes sur les lieux de ces camps de détention de migrants expulsés des USA qui devraient être loin de nos frontières».
M.B.S.M.