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Des milliers de poissons morts échoués sur le Golfe de Tunis : La pollution chimique à l’origine de l’hécatombe ?

Par Hassan GHEDIRI

En attendant que les analyses permettent de déterminer les vraies causes à l’origine de ce phénomène inquiétant, l’hypothèse d’une pollution chimique semble être la plus privilégiée…


Tout a commencé par des alertes lancées sur les réseaux sociaux dans des groupes dédiés à la pêche en surfcasting. Des amateurs de la pêche de bord de mer qui fréquentaient les plages du golfe de Tunis ont été les premiers à faire la découverte macabre. Des centaines, voire des milliers de poissons morts, de toutes les tailles et de différentes espèces. Dans la banlieue sud de Tunis, sur des kilomètres entre la ville de Soliman jusqu’à Radès, le phénomène a été d’une ampleur exceptionnelle poussant le ministre chargé de l’Environnement de se rendre sur place, dimanche dernier, pour inspecter les lieux et ordonner aux institutions compétentes de mener les enquêtes nécessaires pour déterminer les causes de cette mortalité massive de poissons.  L’Institut national des sciences et des technologies de la mer (INSTM) et l’Agence nationale pour la protection de l’environnement (ANPE) se sont engagés à effectuer les analyses nécessaires pour déterminer les causes de ce phénomène.
Dans un communiqué diffusé lundi, l’Instance nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires (INSSPA) a mis en garde contre la consommation des poissons rejetés par le courant marin sur les plages de différentes régions du golfe de Tunis. L’INSSPA qui a constaté, à son tour, la mortalité massive de poissons a appelé les pêcheurs et les poissonniers à ne jamais commercialiser les poissons trouvés morts sur les plages et a invité les consommateurs à s’abstenir d’acheter du poisson en dehors des circuits contrôlés. Cet appel à l’ordre ne veut toutefois pas dire que les causes de cette forte mortalité de poissons sont connues par cette instance publique. « C’est le principe de précaution qui a imposé la diffusion de cette mise en garde », nous explique Mohamed Rabhi, directeur de l’INSSPA.

Anormal

Interrogé par ‘’Le Quotidien’’ sur ce qui pourrait être derrière cet incident, il pense que la mortalité constatée dans plusieurs endroits du golfe de Tunis est d’une ampleur exceptionnelle et laisse supposer qu’il s’agit bel et bien d’une contamination supérieure à la normale.  D’après son expérience à la tête de la Direction générale de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement (DGHMPE) qui effectue des prélèvements et des analyses réguliers d’eau de mer pour la détection des pollutions, Rabhi affirme que c’est la première fois qu’un phénomène de cette ampleur est constaté dans le golfe de Tunis.
Rabhi, qui dit comprendre les inquiétudes et les incompréhensions des gens, pense qu’il ne faut quand même pas s’affoler. «Des enquêtes sont en cours en vue de déterminer les causes de cette mortalité massive de poissons », explique-t-il. Et de souligner que les chercheurs de l’INSTM à Salammbô se penchent actuellement sur les échantillons d’eau et de poissons prélevés dans les endroits indiqués et que les analyses permettront de déterminer le type de contaminants s’ils sont chimiques, biologiques ou bien organiques. Etant donné que chaque analyse de laboratoire est régie par des normes précises qui définissent les procédures, incluant la période d’incubation et les méthodes d’examen des échantillons, notre interlocuteur estime que les chercheurs de l’ISTM prendront le temps qu’il faut pour garantir que les conclusions tirées soient justes et pertinentes. Au vu de la polémique qui enfle sur les causes de cette mortalité exceptionnelle de poissons sur le littoral du Grand Tunis, l’ISTM devrait accélérer les analyses en vue de divulguer les résultats le plus rapidement possible.
Pour une majorité de Tunisiens, la mortalité de poissons serait incontestablement la conséquence de la pollution des plages. C’est que ces dernières années, de plus en plus de plages en Tunisie sont déclarées impropres à la baignade pour cause de pollution. Au mois d’août dernier, le ministère de la Santé a ainsi émis une liste de 28 plages interdites à la baignade en raison de la pollution industrielle et de rejets massifs et non conformes aux normes des eaux usées.
Lors des visites inopinées effectuées pendant l’été dernier dans plusieurs plages polluées, le Président a insisté sur la nécessité de sanctionner avec la plus grande fermeté les responsables de destruction du littoral, soulignant que des usines rejettent leurs déchets directement dans la mer dans plusieurs gouvernorats. Il a également pointé du doigt l’Office national de l’assainissement (ONAS), qui ne respecte pas les normes en matière de traitement et de dépollution des eaux usées déversées dans le milieu marin.

H.G.

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