Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La dernière vague d'arrestations suivie de plusieurs peines de prison prononcées à l'encontre d'intermédiaires opérant dans les marchés de gros en dit long sur les dépassements qui secouent les circuits de distribution en Tunisie. Que faire pour protéger les consommateurs de ces abus ?
En présence des principaux responsables sécuritaires et autres intervenants dans le secteur de distribution, le président de la République, Kaïs Saïed, a insisté lors d'une réunion tenue vendredi dernier sur la permanence de la lutte contre les réseaux de spéculation et de monopole. « Il ne s’agit pas d’une campagne limitée dans le temps », a-t-il déclaré, mais d’«une politique de l’État tunisien destinée à se poursuivre pour préserver la sécurité nationale et sociale et garantir les conditions de dignité des citoyens».
Le chef de l'Etat est allé jusqu'à inscrire cette lutte dans le cadre de la guerre de libération, « le peuple tunisien qui, par sa conscience inédite, mène une guerre de libération sur tous les fronts, avec la détermination d’un combattant qui ne déposera jamais les armes", a-t-il martelé. Et d'ajouter : "La lutte contre la spéculation n’était pas ponctuelle mais constituait une orientation structurelle et durable de l’État ".
Ces directives coïncidént avec une vaste opération menée par la sous-direction des recherches économiques et financières de la police judiciaire, en collaboration avec les services du commerce, ayant conduit à l’arrestation de plus de vingt grossistes et intermédiaires dans les marchés de gros de Bizerte, Sfax, Sousse, Bir El Kassaâ et Moknine. Traduits en justice. la chambre criminelle du tribunal de première instance de Ben Arous a condamné onze spéculateurs à des peines de deux à sept ans de prison ferme, assorties d’amendes de 50 000 à 100 000 dinars. Encore faut-il que ces condamnations soient suffisantes pour mettre de l'ordre dans ce secteur stratégique notamment au niveau social...
Monopole...
" Le secteur de la distribution englobe l'ensemble des activités et des opérations mettant des produits, des biens et des services à la disposition des consommateurs. Cela comprend le commerce de détail, la grande distribution, la distribution spécialisée et le e-commerce. Malheureusement, tant au niveau du commerce en gros que celui du détail, ce secteur est soumis à un monopole, ce qui fait que dans les grandes surfaces, par exemple, on exerce une politique d'alignement sur les mêmes prix", nous dira l'expert en économie et en finnance, Mohamed Salah Jennadi.
Idem pour les marchés de gros tels que celui de Bir El Kassaâ oû les intermédiaires fixent les prix de vente à leur guise et sans aucun contrôle. " Du coup, les prix des fruits et légumes, des viandes rouges et des poissons sont multipliés par quatre voire par cinq par rapport à leurs prix d'achat chez le producteur", estime notre expert.
Ces abus ont bien évidemment un coût social assez grave, puisque c'est le pouvoir d'achat des Tunisiens qui est menacé. Selon l'expert Mohamed Salah Jennadi : " Le ministère du Commerce doit intervenir pour stabiliser les prix, freiner les spéculations et améliorer l'approvisionnement du marché. Des mesures doivent être prises pour fixer des prix plafonds sur certains produits et réguler les marges bénéficiaires. Aussi, il faut encourager le mode de vente dit du producteur au consommateur ".
M.B.S.M.