Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
La fête du 1er mai survient cette année dans un contexte bien particulier et les observateurs s’impatientaient pour voir si l’UGTT est toujours capable de mobiliser ses troupes…
Depuis ses deux fameux congrès de Sousse et de Sfax organisés successivement en 2021 et 2022, les choses au sein de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ne sont plus comme elles l’avaient été avant ces deux rendez-vous, le premier, rappelons-le, avait été consacré à la révision du règlement intérieur, notamment l’article 20 permettant ainsi des mandats illimités aux dirigeants de la Centrale syndicale, et le deuxième était électif et avait vu la réélection de plusieurs dirigeants dont l’actuel secrétaire général, Noureddine Tabboubi, «Ces deux congrès ont plongé l’UGTT dans une crise sans précédent et depuis trois ans, la première organisation syndicale du pays peine à retrouver ses équilibres tant au niveau purement syndical que populaire et même politique vu que l’Union générale tunisienne du travail a toujours occupé une place sur l’échiquier politique», nous dira l’universitaire Salem Chérif. Alors, ce premier mai 2025 était l’occasion pour les observateurs de voir si la Centrale syndicale est toujours en crise… ?
Pour notre interlocuteur du jour, l’universitaire et activiste, Salem Chérif: «Le premier baromètre pour moi est de mesurer la capacité de l’actuel bureau exécutif à mobiliser les troupes. Le second est de voir si les mécontents résistent toujours à la pression et tiennent à leur position. Certes, alors, que lors de ce 1er mai 2025, la mobilisation était là, mais aussi les opposants, et il semble que chaque partie campe toujours sur ses positions. D’ailleurs et objectivement, on ne pouvait distinguer clairement entre les partisans de l’actuel bureau exécutif et ceux de l’opposition syndicale représentée par l’ancien membre du l’Union régionale du travail de Tunis, Habib Jerjir et les autres anciens dirigeants ».
Des discours …
Concrètement, dans son discours, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, Noureddine Tabboubi, a tenu à rappeler l’attachement de l’UGTT aux principes sur lesquels, elle a été fondée, «Au lieu de restreindre les libertés, il faudrait ouvrir un dialogue national inclusif sur les grands enjeux du pays, un dialogue auquel toutes les composantes de la société: Organisations, associations, partis et citoyens, devraient participer». Et d’ajouter: «L’UGTT reste attachée à son rôle social et refuse toute marginalisation ou instrumentalisation dans un contexte national de plus en plus tendu», peut-on lire sur le site Business news. Tabboubi a, également, dénoncé une grave régression des libertés en Tunisie, alertant au passage sur une dérive autoritaire, marquée par la multiplication des procès d’opinion et la criminalisation de toute expression critique. Le secrétaire général de l’UGTT a, en outre, déploré le fait que les attentes sociales et économiques soient reléguées au second plan, au profit d’une gouvernance fondée sur l’exclusion et la répression.
De son côté, le membre du courant de l’opposition au sein de l’Union générale tunisienne du travail, le syndicaliste, Habib Jerjir, a tenu à rappeler : « Avant de parler de « crise », l’actuel bureau exécutif, avec ses deux blocs, doit évoquer en premier la crise de l’UGTT dont ils sont les seuls responsables en prenant en otage l’organisation syndicale. Nous vivons aujourd’hui une crise de confiance, de légitimité et de trahison aux fondamentaux sur lesquels s’est érigée et acquis sa notoriété l’Union générale tunisienne du travail. Alors, il n’existe qu’une seule solution à savoir une refonte en profondeur de l’organisation. Une refonte qui doit reposer sur les principes de la participation de la base sans exception ou exclusion et dans le respect de l’esprit démocratique et la transparence ».
M.B.S.M.