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La Tunisie peut facilement doubler ses revenus oléicoles : A quand la fin du vrac ?

Par Hassan GHDIRI 

Bien que se classant quatrième sur le podium des exportateurs mondiaux, la Tunisie peine toujours à valoriser son huile d’olive qui se vend encore à l’étranger quasi-exclusivement en vrac. 

 

Selon les données sur le bilan du marché de l’huile d’olive pour la campagne 2024/25 présentées par la Commission européenne, les prix moyens à l’origine de l’huile d’olive extra vierge en Italie sont plus de deux fois supérieurs à ceux de l’Espagne. Négocié en moyenne à 944 euros le quintal, le prix de l’huile d’olive italienne a été quasiment le double de celui de ces deux principaux concurrents, en l’occurrence l’Espagne et la Tunisie. Dans le péninsule ibérique, l’huile d’olive vierge extra se vendait depuis au début de l’année à un prix moyen de 440 euros le quintal. Quant à la Tunisie. le quintal d’huile d’olive extra vierge a perdu 52 % de sa valeur de l’année précédente pour se situer au-dessous de la barre de 400 euros. 

Malgré cette dévalorisation de l’huile d’olive tunisienne sur les marchés extérieurs, le ministère chargé du Commerce et de la promotion des exportations s’est tout de même félicité des performances de la filière. Il a récemment annoncé cérémonieusement que la Tunisie se classe quatrième exportateur mondial de l’huile d’olive avec 10% des exportations prévues cette année. Depuis le début de la saison, les exportations auraient généré des recettes d’environ 5 milliards de dinars. Ce qui mérite d’être signalé, c’est bel et bien le fait que les exportations de l’huile d’olive conditionnée n’ont augmenté que très légèrement par rapport à la saison écoulé. 

Gain potentiel 

Bien qu’occupant la troisième place au podium mondial de la production de l’huile d’olive, la Tunisie demeure fortement orientée vers le vrac. Seuls 21 % de ses exportations sont en aujourd’hui conditionnées, contre 79 % en vrac. Or, comme nous l’avons précédemment souligné, le prix moyen du quintal d’huile d’olive extra vierge tunisienne est tombé sous les 400 euros, enregistrant une chute de 52 % par rapport à l’année précédente. En même temps, l’Italie qui, il faut le noter, importe de très grandes quantités du vrac tunisien, vend son huile à environ 950 euros le quintal, et ce grâce à une forte valorisation par le conditionnement, la traçabilité et le positionnement haut de gamme. Imaginons maintenant que la Tunisie double son taux d’huile exportée conditionnée. 

Sur une exportation annuelle moyenne de 230 mille tonnes (2,3 millions de quintaux), cela représenterait plus de 960 mille quintaux conditionnés au lieu de 480 mille actuellement. En supposant une valorisation supplémentaire de 200 euros par quintal conditionné, cela représenterait un gain potentiel de plus 95 millions d’euros, soit environ 320 millions de dinars tunisiens. 

Ce calcul ne tient même pas compte des retombées positives indirectes, comme la création d’emplois dans les secteurs de l’emballage, du marketing, du design, et de la logistique, ni les bénéfices économiques d’une meilleure visibilité internationale de l’huile d’olive tunisienne. Dans un contexte de baisse des prix à l’export qui devrait se confirmer la saison prochaine grâce (ou à cause) de la très bonne pluviométrie enregistrée en Tunisie et dans les principaux pays producteurs de la Méditerranée, la valorisation par le conditionnement n’est plus un luxe, mais une nécessité économique stratégique. Promouvoir le conditionnement local et investir dans une montée en gamme permettraient à notre pays de renforcer la résilience de sa filière oléicole qui joue un rôle fondamental dans le maintien de l’équilibre de la balance commerciale agricole. 

H.G. 

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