Par Wahid SMAOUI
Forte d’un réalisme marmoréen, l’ESZ s’impose dans le difficultueux derby du Sud-Est et se cramponne mordicus à son leadership. Quant aux trois grands formats de la ronde, ils ont fait un seul heureux, le ST qui, en faisant son affaire à l’EST, se pare des plumes du dauphin.
A tout seigneur tout honneur, l’étonnant et tout autant leader de la Ligue 1 tunisienne administre une nouvelle fois la preuve de sa précellence du moment. On peut épiloguer autant qu’on veut sur la qualité de l’opposition d’un second couteau, toujours est-il que la Zliza est connue pour ne pas badiner sur son terrain, comme l’ont appris à leurs dépens plusieurs gros calibres du circuit, outre les impondérables propres à un derby dont les Akkaras ont ingénieusement réchappé. Les Sang et Or du Sud, en se pavanant au faîte du classement, peuvent toujours fièrement faire la roue. Ce qui, pour l’heure, n’est pas le cas de leurs homonymes de Tunis qui avaient raison d’appréhender leur court mais irréductiblement incommodant déplacement au Bardo. Ce derby tunisois était en fait précédé d’un vrombissant ramdam, allusion au rocambolesque arbitrage ayant émaillé les dernières confrontations entre les deux antagonistes, auquel l’absence de la VAR n’était point étrangère. Cette fois-ci, le «remède miracle» était bien présent et il fut de surcroît décisif quand la Video Assistant Referee est intervenue pour invalider très congrûment le penalty accordé par Nidhal Ltaïfa, l’attaquant espérantiste ayant très nettement accroché son adversaire avant d’être crocheté en pleine surface de réparation. Encore une fois, en n’y voyant que du bleu sur une aussi évidente irrégularité, se dépêchant de décréter la sentence suprême, l’arbitre a failli être l’auteur d’un nouveau passe-droit aux conséquences bien déplaisantes. Outre le fait d’avoir tourné un œil aveugle sur certaines incartades méritant des cartons jaunes, voire rouges comme celles d’un défenseur stadiste et de l’«inéluctable» Belaïli à la face de qui un deuxième avertissement aurait dû être brandi et qui, à la fin, devient pour de vrai un «vilain pouacre». Mais la véritable «apothéose» du match, c’est Kanzari qui nous en a fait présent, entendons ce blasphème à l’adresse de l’un de ses joueurs, une monumentale imprécation transmise en direct et qui a pénétré les foyers du monde entier. Non, il y avait quelque chose de plus qu’un simple emportement d’entraîneur à partir de sa guérite, il y avait comme un fiel qui sortait des yeux du sieur, de son hargneux faciès et de ses fracassantes vociférations, comme un irréfrénable ressentiment à l’égard de ceux, un large pan des supporters stadistes, qui n’ont pas pardonné le parjure commis par «l’enfant du club», coupable d’apostat.
Public-joueurs, le béant hiatus
A voir le public clubiste en si grand nombre, déployant son soutien aussi somptueusement, chaque équipe souhaiterait en bénéficier, ce qui lui ferait pousser des ailes pour réaliser les morceaux de bravoure les plus fabuleux. Concernant le onze rouge et blanc, on dirait que c’est l’inverse qui se produit, si bien que les supposés effets transcendants que le public exercerait sur les joueurs se transforment en contrecoups plutôt inhibiteurs et ankylosants. Pour sa prestation contre le CSS, le CA a affiché deux visages antinomiques, un premier, fringant en première période, un second, timoré et trahissant un défaut de personnalité collective, une déplorable fragilité mentale lorsque l’antagoniste sfaxien a retrouvé sa meilleure articulation et que les supporters clubistes ont mis la pression sur leurs joueurs. Mais au lieu que cette dernière les exalte et éperonne leur ardeur conquérante, elle les a plutôt bloqués. Et c’est un constat de plus en plus patent et qui s’est imposé à l’entendement depuis un bon bail. Quant à Faouzi Benzarti, il a non seulement perdu sa bataille tactico-stratégique face à son émule Mohamed Kouki, mais il a rivalisé avec son «poulain» Kanzari, quoique dans un autre registre, à la lumière de ses interminables grognements à l’adresse de ses joueurs. Avec comme point d’orgue, une agression caractérisée à l’égard de l’un d’eux, en fin de match. Consternant constat ! A Monastir, le derby du Sahel a accouché au final d’un petit football, en totale discordance avec le standing des deux clubs. Et si le point moissonné par l’ESS peut suffire à son bonheur, celui des Bleus a de quoi les outrer au vu de leur mainmise plus prononcée sur les péripéties du match. Et si Ribatiens ne perdent pas, 18 matchs sans défaite depuis l’exercice écoulé, série en cours, ils ne gagnent pas non plus, comme le prouve cette quatrième parité en cinq matchs, même si à leur décharge, ils ont eu affaire à des rivaux à l’imposante carrure comme le ST, l’EST Radès, l’ASM au Chtioui…
Par ailleurs, s’il y a un club qui a vaincu sa mauvaise fortune, c’est bien le CAB. Désigné, malgré lui, à «l’indignation publique» à cause d’une ineptie commise par une fripouille qui ne le représente pas, il s’en est allé au lointain Sud, sur un terrain réputé pour son caractère rêche et revêche, celui du 7 Mars de Ben Guerdane, ramener une victoire hichcockienne, ratifiée dans le temps additionnel après une intrépide résistance. Le plus heureux de tous ? Sûrement Chokri Bejaoui, infortuné pour son baptême du feu rembruni par la scélératesse en question, il a pris une belle revanche sur le sort. Une première, cette journée s’en réclame à juste titre et elle est l’apanage de l’ASS qui a fait à vrai dire juste l’essentiel, face à un bien déveinard OB, auteur de deux buts, justement refusés, et qui continue de broyer du noir dans les échancrures du classement. Contrairement à une JSK qui en est à une deuxième victoire des plus regonflantes, engrangée face à un ASM jouant décidément de malchance, ses dernières prestations méritant franchement mieux que les piètres miettes butinées çà et là. Le seul nul blanc de la journée a vu Metlaouiens et Omraniens se colleter en pure perte, un point désappointant en fait pour les Miniers, suffisant au bonheur des gars de Jebel Lahmar.
W.S.