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Obésité : Le surpoids frappe 57% des Tunisiens…

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Quand on parle d’obésité en Tunisie, les chiffres sont alarmants. Paradoxalement, les autorités tardent à mettre en place une vraie stratégie pour lutter contre ce fléau.

Conjointement avec cette note publiée vendredi dernier par le ministère de la Santé mettant en garde contre les dangers liés à l’obésité, le récent rapport de l’Unicef révèle, également, une situation particulièrement alarmante en Tunisie, qui enregistre un taux de surpoids de 18% chez les enfants de moins de cinq ans. Plus alarmant, encore, 57% de la population est en surpoids ou obèse, d'après l'Institut national de la consommation. En cause, une alimentation très industrielle, mais un manque d'activité physique et une consommation excessive de pain et de pâtes alimentaires, « Même si l'obésité constitue un danger croissant pour la santé, car elle augmente le risque de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiaques et l'hypertension artérielle, malheureusement, on tarde à mettre en place une vraie stratégie pour lutter contre ce fléau », nous dira Dr Ahmed Fouad Rekik. Et d’ajouter : «A mon avis, il faut cesser de donner des conseils et opter pour des campagnes de prévention plus directes comme on fait pour lutter contre le tabac. Tous les produits portant sur les aliments transformés doivent contenir sur leurs étiquettes des mentions claires de nature à avertir les consommateurs contre leurs effets sur la santé. Il faut savoir que les aliments ultra-transformés sont associés à plus de 30 problèmes de santé différents, notamment les maladies cardiaques, le cancer et l’anxiété. Une grande majorité de ces aliments contiennent des produits chimiques, des colorants et des édulcorants utilisés pour améliorer l’apparence, la saveur ou la texture des aliments. Les boissons gazeuses, les sucreries et les nuggets de poulet en sont des exemples. Cependant, des aliments moins évidents peuvent également être inclus dans cette catégorie, comme certains pains, céréales pour petit-déjeuner et yaourts ».

Facture très lourde …

En plus de ses effets néfastes sur la santé, l'obésité représente un fardeau financier important pour les systèmes de santé en raison des maladies associées (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers) qui nécessitent des soins médicaux coûteux. Selon Dr Ahmed Fouad Rekik : « On estime à 50% du total des dépenses en matière de santé le coût des soins lié aux maladies provoquées par l’obésité». Que préconisent, alors, les spécialistes pour lutter efficacement contre ce fléau à double tranchant médical et économique ?

A cet égard, notre interlocuteur insiste sur « la perte de poids qui doit s'effectuer de manière raisonnée ; une alimentation équilibrée et une pratique sportive régulière permettent de maigrir de façon progressive sans mettre en danger physique et psychique la personne concernée ». Et d’ajouter : « La prévention de l'obésité est l'une des priorités de santé publique. Un "Plan national nutrition santé" doit être, ainsi, mis en place. Ce plan doit reposer sur une alimentation diversifiée et équilibrée, la limitation de la consommation de graisses saturées, de sucres et de sel, la consommation des fruits et des légumes quotidiennement, l’augmentation de la consommation de calcium chez les enfants, et un suivi régulier de l'évolution de la courbe de poids des enfants et des adolescents est un moyen de prévention contre l'obésité. Il faut, également, essayer de limiter le temps passé devant des écrans. En particulier, il faut savoir que la télévision n’est pas adaptée aux enfants de moins de trois ans, qui se développent mieux dans l’interaction avec leur entourage. D’une manière générale, il est important d’accéder à une meilleure compréhension des causes et des mécanismes biologiques conduisant à l’obésité, elle est aujourd’hui un des plus grands enjeux de la recherche. Comme toutes les maladies chroniques, l’obésité devient en effet irréversible lorsqu’elle est installée : prévenir son développement est donc primordial si l’on veut enrayer l’épidémie mondiale ».

M.B.S.M.

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