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Malbouffe : Quand les sandwichs coûtent à l’Etat des milliards en soins …

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Tellement ses effets sont néfastes que l’humanité lui a consacré toute une journée mondiale. Il s’agit de la malbouffe qui est à l’origine de plusieurs maladies. Quel est le rôle des autorités publiques dans la lutte contre ce fléau ?

Alors que nous célébrons ce lundi la Journée mondiale de la malbouffe, les chiffres de l’institut national de la consommation (INC) nous apprennent que 57% des Tunisiens sont annoncés obèses ou bien en surpoids. Ce phénomène est dû à une alimentation très industrielle, mais aussi au manque d'activité physique et à la consommation excessive de pain et de pâtes alimentaires. Les Tunisiens figurent, en effet, parmi les plus gros consommateurs de pâtes au monde, selon l'Union des associations de fabricants de pâtes alimentaires. Un autre chiffre aussi alarmant avancé cette fois-ci par le ministère de la Santé. En dix ans, le nombre de fast-foods a explosé dans le pays et notamment dans la capitale, Tunis pour atteindre les 20 mille commerces pour une population estimée à 12 million d’habitants soit un fastfood pour 600 habitants. Selon Dr Ahmed Fouad Rkik : « La responsabilité est générale et incombe notamment aux parents, aux industrielles de l’agro-alimentaire et aux médias. Alors, ce sont ces cibles qu’il faut viser dans toute campagne de sensibilisation contre les effets néfastes de la malbouffe. C’est également le rôle des autorités publiques qui doivent agir contre la publicité excessive relayée par les médias concernant certains produits dangereux tels que les sodas, les chips et les aliments industriels. Les parents doivent aussi être impliqués dans cette lutte contre la malbouffe en contrôlant ce qu’ils mangent eux-mêmes et ce que bouffent leurs enfants. Enfin, engager une lutte contre les aliments industriels qui doit impliquer des efforts pour réduire la consommation d'aliments ultra-transformés et promouvoir une alimentation plus saine et durable. Cela inclut des initiatives pour informer les consommateurs, soutenir les producteurs locaux et minimiser le gaspillage alimentaire dans toute la chaîne voire orienter les fastfoods vers une cuisine plus équilibrée ».

Victime et bourreau…

Même s’il faut prendre le problème dans son ensemble et ne pas reporter toute la responsabilité sur l'industriel, l’individu est aussi responsable de son environnement alimentaire, « du coup, il devient à la fois victime et bourreau », nous dira notre interlocuteur du jour, en l’occurrence Dr Ahmed Fouad Rkik. Et d’ajouter : « Toutes les études ont montré que les problèmes de santé liés à une mauvaise alimentation découlent surtout d’une consommation insuffisante d’aliments sains, tels que les fruits et légumes, les céréales complètes ou les légumineuses, pourtant primordiaux pour notre santé. Trop riches en sel, en sucre ou en gras saturés, mais aussi contenant trop d’additifs, de colorants et de conservateurs chimiques, ces aliments sont généralement pauvres en nutriments essentiels, c’est-à-dire en vitamines et minéraux, en fibres alimentaires et en oligo-éléments, ce qui fait qu’ils procurent ce qu’on appelle des calories vides. Il faut savoir par ailleurs qu’une consommation excessive de ces aliments augmente le risque de surpoids, d’obésité, de maladies cardio-vasculaires, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, de problèmes digestifs, de carences nutritionnelles, de mauvaise santé bucco-dentaires, de dépendance alimentaire et problèmes de santé mentale. En effet, une étude parue dans le Journal of Physiology démontre un nouveau phénomène. Les scientifiques démontrent que les voies neurologiques seraient modifiées, ce qui réduirait la capacité du cerveau à réguler l’apport calorique. L’appétit à long terme étant perturbé, ce qui mène à une suralimentation. L’alerte est lancée par les spécialistes et l’OMS. Et comme nous le conseillent les spécialistes : l’heure n’est plus à jouer la politique de l’autruche, ni même à faire allégeance aux chaînes de télévision et industriels agroalimentaires. Un projet de loi contre la publicité pour la malbouffe s’impose aujourd’hui afin de préserver la santé des Tunisiens ».

M.B.S.M.

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