contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

2.683 élèves seulement orientés vers les collèges pilotes : Les raisons d’une déplorable moisson

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

Les résultats du dernier concours de la «Sixième» ont, encore une fois, montré les défaillances de notre système scolaire. Comment justement rectifier le tir et s’adapter aux exigences d’un monde en pleine mutation, notamment au niveau de l’emploi?

Le concours d’entrée dans les collèges pilotes communément connus sous l’appellation de la «Sixième» ne cesse de montrer d’année en année les défaillances de notre système scolaire. La preuve, lors de ce concours national ayant eu lieu entre le 16 et le 18 juin dernier, le pourcentage des élèves ayant obtenu une moyenne égale ou supérieure à 10 sur 20, selon les statistiques publiées par le ministère sur sa page officielle sur le réseau social Meta/Facebook, est de 34,32 % parmi les 51 584 candidats présents au concours, sur un total de 64 079 inscrits. Au total, 2.683 élèves seulement ont été orientés vers les collèges pilotes pour l’année scolaire prochaine. Ces chiffres ont tout naturellement suscité plusieurs réactions et interpellé au passage les experts.
Pour le pédagogue Ahmed Ben Saada: «De nombreux spécialistes se sont penchés sur l’utilité de l’examen de passage aux cycles primaire et secondaire. Est-ce un moyen de vérifier les acquis cognitifs ou les compétences des élèves? Est-ce un instrument pour s’assurer que les enseignants dispensent effectivement la totalité des contenus notionnels prescrits par les programmes? Est-ce une méthode pour s’assurer de l’uniformité d’un système éducatif dans un pays? Est-ce une façon de limiter l’accès aux niveaux subséquents? Est-ce une manière de valoriser un diplôme? Où est-ce un procédé de ségrégation entre les bons et les mauvais élèves?». Ces interrogations reviennent chaque année également en Tunisie et les  faibles taux des admis dans ces concours remettent la question de la qualité de notre enseignement au-devant de la scène. Comment justement rectifier le tir et s’adapter aux exigences d’un monde en pleine mutation, notamment au niveau de l’emploi?

Un enseignement au service de l’emploi…
La Tunisie a misé dès l’indépendance sur l’enseignement pour bâtir un pays orienté vers la science et le savoir, «soixante-dix après, il est temps de réformer notre système scolaire et l’adapter aux exigences d’un monde en pleine mutation, notamment au niveau du marché de l’emploi», nous dira l’enseignant Abdessattar Missaoui. Et d’ajouter: «Malheureusement, les réformes se suivent sans que l’on arrive à sauver notre école de ses maux. Cela veut dire tout simplement que nous sommes en train d’hypothéquer l’avenir de notre pays qui ne dispose que des ressources humaines pour assurer son essor et son rayonnement».
Justement, au moment où le monde vit une révolution numérique et technologique sans précédent, les experts estiment, qu’aussi bien au niveau du contenu que des méthodes, notre système a besoin d’une réforme en profondeur de nature à lui permettre de continuer à former les futures compétences.
Selon Abdessattar Missaoui, enseignant à la retraite: «L’un des principaux problèmes de ce système est l’inadaptation des diplômes aux besoins du marché de l’emploi et aux réalités socioéconomiques dans la Tunisie d’aujourd’hui. Et comme le souligne un rapport de la Banque mondiale, la répartition géographique inégale des écoles et universités constitue aussi l’obstacle le plus important, et le plus épineux, qui doit être levé pour moderniser le système et améliorer la qualité de l’éducation en Tunisie. Elle compromet le développement des autres régions du pays et accroît les difficultés des élèves et étudiants qui ont des frais de transport et de logement qu’ils auraient pu s’en passer s’ils avaient trouvé un établissement dans leur ville, ou dans une ville voisine. Ils pourraient ainsi rester à proximité de leur lieu d’origine pour contribuer à son développement. Par exemple, on trouve sur la côte deux facultés de médecine, à Monastir et à Sousse, qui ne sont distantes que d’une quinzaine de kilomètres, alors que le Centre, le Nord-Ouest et le Sud en manquent cruellement. Il faudra peut-être alors s’appuyer sur les expériences comparatives et s’attacher à nouer des partenariats qui permettront d’attirer les compétences ainsi que l’expertise en matière d’élaboration et de modernisation du système d’éducation».

M.B.S.M.

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869