Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI
Près de 26% des Tunisiens souffrent déjà d’obésité et ce taux pourrait s’élever à 46% de la population d’ici 2035.
De fait, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme et appellent à la généralisation des centres spécialisés dans le traitement de l’obésité… C’est le fondateur du Centre tunisien de l’obésité et du diabète, Dr Mourad Adala, qui l’a révélé dans une déclaration donnée à radio Mosaïque fm. Un quart de la population tunisienne est atteint d’obésité et un Tunisien sur cinq souffre de diabète. Pis encore, si rien n’est fait, la Tunisie comptera, en 2035, 46% d’obèses. Comment, en-sommes nous arrivés là et que faire pour renverser cette tendance?
Interrogé à ce sujet, Dr Ahmed Fouad Fkih nous a indiqué : «Il faut noter de prime abord que la Tunisie est sur la bonne voie. En effet, le communiqué rendu public le 4 mars dernier par le ministère de la Santé, à l’occasion de la Journée mondiale pour la lutte contre l’obésité, nous fait savoir que les autorités médicales considèrent l’obésité une maladie à part entière. Une action collective est, alors, nécessaire pour lutter contre ce danger croissant pour la santé. Outre, par ailleurs, les facteurs psychologiques ou génétiques, une alimentation trop riche et une activité physique faible constituent les principaux facteurs à l’origine de l’obésité. Les habitudes alimentaires des Tunisiens ont changé et avec des troubles nutritionnels. Au lieu des plats traditionnels préparés à base d’ingrédients sains, on opte aujourd’hui pour une cuisine rapide à base d’aliments transformés accompagnés souvent de sodas, de jus de fruits et d’alcool qui favorisent la prise de poids. D’autres facteurs comportementaux jouent un rôle important dans cette prise excessive de poids tels que la consommation abusive de boissons alcoolisées, d’aliments riches en matières grasses et le fait de ne pratiquer que peu ou pas d’activité physique». Que faire, de fait, pour mieux lutter contre l’obésité?
Hygiène de vie…
Selon Dr Ahmed Fouad Fkih: «La prise en charge de l’obésité repose sur la mise en place de mesures diététiques qui doivent s’inscrire dans la durée, la pratique régulière de l’activité physique et, dans certains cas, sur des médicaments ou une chirurgie destinée à réduire le volume de l’estomac ou à accélérer le passage des aliments dans l’intestin». Et d’ajouter : «Une étude récemment publiée par Vidal, qui est l’une des principales sources d’informations médicales dans le monde, a montré que les objectifs de la prise en charge sont non seulement la perte de poids (avec un objectif adapté et raisonnable), mais également la réduction des facteurs de risque associés et l’amélioration de la qualité de vie et de la mobilité. La prise en charge, pluridisciplinaire, est centrée sur le ou les patientes, coconstruites avec lui/elle en fonction de son vécu et de ses conditions de vie, permettant ainsi une mise en place progressive et durable. Ainsi, la principale stratégie indiquée pour lutter contre l’obésité consiste à corriger les erreurs et les mauvaises habitudes alimentaires : ne pas sauter de repas, prendre le temps de manger, modifier les habitudes d’achats d’aliments et le mode de préparation des repas, respecter le rythme alimentaire et les signaux de faim et de rassasiement. L’activité physique est aussi importante pour maîtriser le surpoids. La marche constitue l’un des meilleurs sports pour baisser son poids. Il faut, alors, que les autorités aménagent des parcours spécialisés et sécurisés surtout pour les enfants et les femmes. Il est, en effet, nécessaire d’augmenter ses dépenses énergétiques. Si l’on est réfractaire au sport, on peut préférer les escaliers aux ascenseurs, se garer à distance pour s’obliger à marcher, jardiner, faire des balades en fin de semaine, par exemple. Un léger regain d’activité tout au long de la journée augmente facilement les dépenses énergétiques. Les activités sportives sont un moyen efficace pour les plus courageux de brûler leurs calories».
Myriam BEN SALEM-MISSAOUI