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Editorial : Gaza saigne… Bagdad doit agir - Par Jalel HAMROUNI

À l’heure où le fracas des bombes sionistes continue de résonner dans la bande de Gaza, les dirigeants du monde arabe s’apprêtent à se réunir à Bagdad pour un sommet crucial. Ce rendez-vous diplomatique, au-delà de ses aspects protocolaires, doit être une tribune de vérité, un moment de lucidité collective et surtout une opportunité historique de réaffirmer la centralité de la cause palestinienne dans l’agenda arabe.

Depuis des mois, Gaza subit un déluge de feu dans une guerre asymétrique où la population civile paie le plus lourd tribut. Le silence, les demi-mesures ou les condamnations tièdes ne suffisent plus. Le sommet de Bagdad doit rompre avec l’inaction et se transformer en plateforme offensive pour une diplomatie arabe unie, audacieuse et efficace. Le contexte géopolitique, pour une fois, offre une brèche que le monde arabe ne peut se permettre d’ignorer : le désaccord croissant entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump.

En effet, après des années de complicité stratégique entre le président américain et le Premier ministre sioniste, les tensions récentes entre les deux figures marquent un tournant inattendu. Trump critique désormais ouvertement la gestion israélienne du conflit à Gaza, pointant du doigt les conséquences humanitaires désastreuses et le coût politique de la guerre. Netanyahou, lui, s’accroche à une ligne dure, de plus en plus isolée même parmi ses alliés traditionnels. Cette divergence constitue une fenêtre diplomatique que les pays arabes doivent exploiter avec intelligence et fermeté.

Dès lors, que doivent être les priorités du sommet arabe de Bagdad?

L’imposition d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza est l’urgence absolue. Les États arabes doivent, de manière coordonnée, exercer une pression maximale sur la communauté internationale, notamment sur les États-Unis, pour obtenir un cessez-le-feu. La division au sein du camp occidental sur le soutien à Netanyahou est une opportunité à saisir pour renforcer la voix arabe sur la scène onusienne. L’Arabie Saoudite, l’Égypte, le Qatar et les Émirats, qui entretiennent des canaux ouverts avec Washington, ont un rôle déterminant à jouer.

Au-delà du cessez-le-feu, il est impératif de mettre en place un mécanisme arabe de protection des civils palestiniens. Cela pourrait passer par une mission humanitaire conjointe, un fonds spécial pour la reconstruction, ou même une initiative juridique collective pour documenter les crimes de guerre commis par l’entité sioniste et saisir la Cour pénale internationale.

Les pays ayant entamé des processus de normalisation avec l’entité sioniste doivent reconsidérer leurs engagements. Il ne s’agit pas de rompre pour rompre, mais de redonner du poids au levier diplomatique arabe. Tant que l’occupation persiste et que les Palestiniens sont bombardés, toute forme de normalisation devient moralement intenable.

Le sommet de Bagdad doit aussi être un moment de vérité sur l’état du monde arabe. Trop souvent, les divergences internes paralysent toute action collective. Il est temps de construire une vision stratégique partagée, qui repose sur les principes de souveraineté, de solidarité et de justice. Gaza, aujourd’hui, doit être la boussole morale de cette union retrouvée.

Les dirigeants arabes doivent comprendre que la guerre de Gaza se joue aussi dans l’opinion publique mondiale. Il faut investir dans une diplomatie médiatique efficace, coordonnée et professionnelle pour faire entendre la voix des victimes et dénoncer l’impunité israélienne. Les images de Gaza doivent cesser d’être confinées aux réseaux sociaux et être portées sur les tribunes diplomatiques et médiatiques des grandes capitales du monde.

Le sommet de Bagdad pourrait bien être l’un des derniers sommets arabes capables d’infléchir réellement le cours des événements à Gaza. Si les dirigeants se contentent de discours creux et de déclarations convenues, ils perdront non seulement une opportunité historique, mais aussi le peu de crédit qui leur reste auprès de leurs peuples. À l’inverse, une parole forte, unie et suivie d’actes concrets peut inverser la tendance.

Il est temps de faire de Bagdad une capitale de la dignité arabe retrouvée. L’histoire ne retiendra pas les hésitations, mais les décisions. Et Gaza, meurtrie mais debout, attend un signal.

J.H.

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