Par Wahid Smaoui
Précédé d’un assourdissant ramdam, le match barrage pour l’accession à la finale de la Supercoupe s’est révélé en dernière instance une galéjade de mauvais goût. Allusion au choix de l’USM d’aligner réservistes. Une insulte à l’intelligence footballistique.
En prélude à l’une des apothéoses les plus prisées de la saison, cette demi-finale était annoncée à cor et à cri comme un véritable morceau de bravoure, de par l’aura des protagonistes en présence, le finaliste de la coupe et le dauphin de l’exercice écoulé, quand bien même on ne cesserait d’insister sur le caractère biscornu, ubuesque et saugrenu de cette confrontation. Une empoignade qui n’avait pas lieu d’être, une supercoupe se jouant sur un seul match. Cela dit, il est unanimement admis que ce rendez-vous est venu tôt, à un moment où les deux antagonistes, ainsi que l’ensemble des clubs du reste sont de plain-pied dans l’intersaison. D’ailleurs, dans le monde entier, la Supercoupe se dispute en amorce de la nouvelle saison. Dans cette optique, les deux clubs se sont échinés, stages et matchs amicaux aidant, à se présenter le jour J dans les meilleures conditions possibles, autour de 60-70% du pic de forme, étant tous les deux pratiquement au même degré de préparation, malgré, côté monastirien, la légère laxité subséquente à la passation de témoin entre Faouzi Benzarti et Montassar Louhichi. Et quand on a vu avec quel zèle les responsables usémistes ont préparé cette confrontation inespérée pour eux en fait, on s’est dit qu’à tout le moins, sur le plan purement sportif, cette rencontre devrait être une belle réussite. Mais grands furent le désenchantement, le mécompte et le désappointement des puristes à la lecture des deux formations. Renseignements pris, on a su que le staff technique des Bleus, avec le total assentiment des dirigeants ribatiens, avait décidé d’aligner les réservistes, arguant du fait que son équipe «n’était pas prête pour ce rendez-vous», faisant de la sorte un répréhensible pied de nez à tout le monde, à leurs supporters, à ceux de l’adversaire également, aux organisateurs, aux médias, à toutes les parties prenantes du football tunisien. Etant sur un pied d’égalité avec son émule d’un jour, quel défaut de compétitivité allègue-t-on ? Et si c’était le cas, cela supposerait qu’à partir de la première journée, prévue quelques jours plus tard, nous verrions une USM ravageant tout sur son passage. Et quelle différence y aurait-il entre ce match barrage et une rencontre amicale, comme celle que l’USM a disputée 24h00 plus tôt avec son équipe type contre l’ESZ et qu’ils auraient dû annuler ou reporter ? D’ailleurs, la Supercoupe, en dépit du caractère officiel dont on veut bien l’empanacher, ne s’en prévaut pas moins d’une portée symbolique. En faisant faux bond de la sorte, les Usémistes ont commis une bourde monumentale, ont fait outrage à l’esprit du jeu, à la déontologie footballistique. Un blâmable acte de désinvolture et d’irrespect non seulement à l’égard de l’adversaire d’un jour, mais de toute la famille élargie du ballon rond.
Un non-match
Sur le rectangle vert, les débats n’ont pas mis longtemps pour nous édifier sur le hiatus de mise entre un Onze stadiste se réclamant d’un ostensible surcroît de maturité, d’un fond de jeu autrement fortifié au vu de la formation de départ alignée par Khatoui, la plus proche possible de celle qui débutera le championnat, en attendant l’éclosion de certaines nouvelles recrues et surtout, le retour de Jelassi à son meilleur niveau physique, moyennant d’irréductibles efforts pour jeter au rebut cette charge pondérale de trop dont il se plaint et qui le pénalise encore pour l’heure. Comme l’opposition était loin d’être un baromètre fiable, on ne peut pas émettre de jugement le plus crédible possible, même si l’ensemble a paru sur la bonne voie. Quelques éléments cependant ont laissé d’excellentes impressions, au premier rang desquels l’excentré gauche Khenissi, venu de la Manouba, et qui se prévaut d’un impressionnant potentiel technique, outre une vélocité une force de percussion qui lui permettent de perforer la défense adverse, ainsi qu’un altruisme de bon aloi, comme l’illustre le deuxième but stadiste, un mouvement collectif assimilable à un véritable cas d’école. Un autre élément passe pour être la plaque tournante de l’équipe, Bonheur Muguicha en l’occurrence, par qui tout passe et tout se mitonne. Et bien entendu, l’incontournable Khalil Ayari, un jeune au talent ahurissant, auteur de la deuxième réalisation de son équipe, un tir de haute teneur technique, une pousse montante qui gagnerait toutefois à discipliner et son jeu et son comportement, tout porté qu’il est sur les vains pleurnichements. Ayant fait l’essentiel en première période, les Stadistes se sont contentés de gérer sereinement la suite, Khatoui ayant procédé à un instructif turn-over. Quant à la formation monastirienne, sevrée en sus de la présence de son entraîneur en chef, elle était composée de joueurs au statut de réservistes, et des nouvelles recrues. Les joueurs ont fait de leur mieux mais, hormis un niveau technique tout juste moyen, le groupe a pâti d’un manque flagrant de cohésion et d’automatismes qui les ont contraints d’opter pour de longues et infructueuses transversales. Pour revenir à l’absence de Louhichi sur le banc, on dirait que le message transmis en filigrane était de signifier que le head-coach de l’équipe se lave éperdument les mains de ce qu’il adviendrait de ce match barrage. Une navrante mixture d’insouciance et de dérobade ! Pour faire court, l’affiche EST-ST, qui aurait dû être consacrée sans passer par l’extravagante lubie fédérale, s’invite donc pour dimanche prochain. Avec l’espoir que le football, dans toute la noblesse de son acception, sera au rendez-vous.
W.S.