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Editorial : Paix trompeuse nuit plus que guerre ouverte…

Par Chokri Baccouche

Ensemble, nous avons réalisé ce que tout le monde disait impossible : nous avons enfin la paix au Moyen-Orient, déclarait lundi un Donald Trump euphorique à l’ouverture de la conférence internationale « Paix 2025 » tenue à Charm El-Cheikh. Un aréopage de dirigeants et chefs de gouvernements occidentaux et arabes se tenaient derrière la tribune écoutant poliment le discours triomphaliste du président américain qui s’est confondu en promesses le moins qu’on puisse dire béates et idylliques.

« Nous voulons établir une paix durable (…) dans laquelle les Palestiniens et les Israéliens pourront prospérer, leurs droits fondamentaux étant protégés, leur sécurité garantie et leur dignité préservée », a-t-il déclaré en substance. Pour un peu on aurait dit que ce sommet qui a réuni de nombreux représentants du monde arabe ainsi que le Français Emmanuel Macron, l’Italienne Giorgia Meloni et le Britannique Keir Starmer, s’est transformé en conclave d’ecclésiastiques prêcheurs de paroles divines consacrant la paix et la tolérance entre les hommes.

Les déclarations d’intention du locataire de la Maison Blanche sont bien sûr séduisantes, un peu trop même, mais force est de reconnaitre que la paix au Proche-Orient est encore loin d’être au rendez-vous. C’est tout juste qu’elle est à ses premiers balbutiements puisqu’on a affaire en vérité à un simple cessez-le-feu fragile dont la durée reste incertaine pour des considérations objectives.

Comment le président américain compte-t-il s’y prendre pour concrétiser son projet et ses promesses? Quelles garanties envisage-t-il d’offrir particulièrement aux Palestiniens quant au respect par le Premier ministre israélien de ses engagements ? Au-delà de la première phase du plan qui s’est achevée avant-hier par la libération des otages israéliens et l’échange avec les détenus palestiniens, nombre de questions de la plus haute importance et aux contours flous demeurent encore en suspens.

Il s’agit notamment du rythme de retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza alors que l’État hébreu exige pour des « raisons sécuritaires » qu’elle reste en place tant que n’aura pas été déployée la Force internationale de stabilisation  prévue dans le projet. Laquelle force reste bien hypothétique dans la mesure où aucun pays arabe n’a manifesté sa disposition de s’engager dans une aventure impliquant qu’il se charge du désarmement du Hamas.

De toutes les façons, les chances que le mouvement islamiste palestinien accepte de se désarmer dans les conditions actuelles relève de l’utopie. A raison du reste, car l’expérience a démontré à maintes reprises que Benjamin Netanyahu, un homme qui s’est taillé une sacrée réputation en matière de non-respect des engagements, n’est pas digne de confiance. Par conséquent, le fait de se fier à cet homme revient à commettre une erreur fatale.

Paix trompeuse nuit plus que guerre ouverte, dit un célèbre proverbe indien. C’est ô combien vrai ! Certes, le plan de paix de Donald Trump, qui se décline en vingt points, est un pas positif mais insuffisant pour aboutir à une paix durable. Insuffisant parce qu’il s’est attardé sur des détails assez dérisoires, car il a occulté d’une certaine façon l’essentiel, à savoir les moyens et la stratégie à mettre en œuvre devant permettre la création d’un Etat palestinien indépendant et viable.

Le hic à ce propos, c’est que cette question cruciale, qui constitue le cœur du problème et la principale cause du drame kafkaïen des Palestiniens depuis voilà plus de 70 ans, a été à peine effleurée par le projet trumpiste qui donne l’impression du déjà-vu et entendu et risque, par conséquent, de déboucher sur un scénario éculé synonyme de statu quo.

En clair, une paix, véritable et durable, au Proche-Orient est toujours possible mais reste tributaire d’un engagement formel par Israël d’accepter l’application réelle des résolutions onusiennes concernant la solution à deux Etats.

Tant que les Palestiniens n’auront pas recouvert leur liberté et leurs droits spoliés, cette paix si proche et si lointaine relèvera d’une vue de l’esprit. La concrétisation de cette paix tant espérée est à la portée pour peu que l’ensemble de la communauté internationale s’y engage avec force et détermination afin de mettre fin à cette tragédie moyen-orientale et mettre un terme aux souffrances indicibles des Palestiniens, l’un des derniers peuples à subir encore les terribles exactions d’une impitoyable occupation sioniste…

C.B.

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