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Editorial : La partie immergée de l’iceberg - Par Hassan GHEDIRI

La pollution dans le pays dépasse toutes les limites. Ces derniers jours, tous les regards se trouvent focalisés sur la ville de Gabès où la colère populaire est à son comble contre le Groupe chimique tunisien et ses industries de transformation de phosphate à l’origine d’une dégradation de l’environnement marquée pour les habitants et les écosystèmes.

Mais le problème de Gabès n’est que la partie immergée de l’iceberg. Le drame écologique et sanitaire auquel se confronte la ville, qui abrite l’unique oasis littorale dans toute la Méditerranée, serait en effet un simple épisode dans un enchaînement de catastrophes qui ne manqueront pas de se déclarer un jour.

Des catastrophes presque inévitables qui révèleront la réalité d’un Etat qui a manqué d’imposer le respect des lois privilégiant l’intérêt économique et sacrifiant les ressources naturelles et le bien-être humain. L’Etat tente aujourd’hui d’apaiser la colère populaire qui monte à Gabès et envisage de prendre des « décisions urgentes et radicales » qui mettent fin à l’émission de polluants toxiques dans l’atmosphère.

Une mission qui parait compliquée et difficile voire irréalisable, dans le court terme, pour de multiples considérations techniques et logistiques. Ce que l’Etat peut et doit faire à l’heure actuelle, c’est agir pour réduire les dégâts et s’engager dans le cadre d’une politique claire et pertinente d’atteindre des objectifs bien définis qui changeront le quotidien des Tunisiens.

Ce n’est, en effet, plus le temps pour refaire les diagnostics et établir de nouveaux constats qui n’apporteront rien de nouveau. Innombrables sont en effet les études qui se sont intéressées ces dernières années aux problèmes de la pollution dans toutes ses formes.

Des études desquelles ont été dégagés des résultats à partir desquels des conclusions et des recommandations claires et précises ont été présentées dans des rapports qui dorment aujourd’hui dans les tiroirs des ministères et organismes publics « compétents ».

Le ministère de l’Environnement, par exemple, qui est le premier et principal département représentant l’Etat dans la gestion des problématiques liées à la préservation et la protection des ressources naturelles et écologiques indispensable pour la santé de l’homme et de toutes les espèces vivantes à l’intérieur du territoire national, sait tout sur les risques sanitaires que représente la pollution de l’eau, de l’air et de la terre.

Il possède également des réponses réglementaires strictes et radicales à toutes les infractions possibles. En 2011, lorsque le soulèvement populaire a fait tomber la dictature et, par le même fait, libérer la volonté citoyenne pour revendiquer haut et fort ses droits légitimes de vivre dans un environnement propre et saint mettant l’Etat devant ses responsabilités, le ministère de la Santé avait alors cérémonieusement adopté ce qui a été baptisé Plan National Santé et Environnement (PLSE).

Parmi les thématiques prioritaires sur lesquelles a été fondé ce plan, l’on peut citer trois qui semblent faire échos aux contestations et aux revendications exprimées depuis quelque temps par les Tunisiens face à la pollution. Ces thèmes prioritaires sur lesquels avait été fondé le PNSE concernent respectivement les risques sanitaires liés à la pollution atmosphérique, le risque cancérogène lié à l’environnement et les risques sanitaires liés à la dégradation de l’eau et de l’assainissement.

Ce plan adopté depuis 14 ans regroupe normalement les réponses de l’Etat aux problèmes de la pollution en Tunisie et définit clairement les actions à entreprendre pour réduire les rejets dans l’environnement des substances toxiques d’origines industrielles ou autres. Il implique notamment la mise en place des outils qui permettent d’inventorier les polluants rejetés par les industriels, oblige les industries polluantes à instaurer l’autocontrôle et le raccordement au réseau national de la surveillance de la qualité (RNSQA).

Tous les spécialistes croient d’ailleurs que l’arsenal juridique existant est suffisant pour faire face à toutes les problématiques posées par la pollution dans notre pays. Les textes de loi en vigueur sont supposés régler facilement toutes les infractions et pénaliser tous les contrevenants qui s’aventurent à nuire à l’environnement et à la santé publique. 

Il ne s’agit donc pas aujourd’hui de légiférer davantage ni de créer de nouveaux mécanismes de contrôle ou d’évaluation. L’État n’a nul besoin d’élargir encore un cadre réglementaire déjà solide, mais simplement de le faire respecter, car il dispose déjà de tous les instruments nécessaires pour juguler la pollution, préserver les écosystèmes et protéger la santé de la population.

H.G.

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