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Actes de vandalisme contre les moyens de transport : Entre malaise social et crise profonde de civisme …

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI

A peine mis en service, les nouveaux bus importés de Chine font d'ores et déjà l'objet d'actes de vandalisme. Comment expliquer cette crise de civisme et la prolifération du fléau de la délinquance?

Des jeunes originaires de la Cité Ettadhamen (Ouest de la capitale Tunis) ont pris pour cible un nouveau bus faisant partie de la dernière commande de bus importés récemment de Chine. Résultat : des vitres brisées et une grande déception accompagnée d’une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Un acte qui en dit long sur cette crise profonde de civisme et une montée du fléau de la délinquance.
Selon, en effet, la directrice de la communication et des relations extérieures de la Société des Transports de Tunis (Transtu), Hayet Chamtouri: « 674 actes de vandalisme ont été enregistrés depuis le début de l’année 2025, jusqu’au jeudi 17 juillet, visant les rames de métro et le train de la ligne Tunis–La Goulette–La Marsa (TGM) ». Et d’ajouter : « Ces agressions comprennent des jets de pierres, la destruction de rétroviseurs, le vol de câbles en cuivre, ainsi que d’autres actes de dégradation ayant ciblé les véhicules et les équipements». Chamtouri a, par ailleurs, rappelé que 1 100 actes de vandalisme avaient été recensés en 2024 sur le réseau ferroviaire, dont 41 agressions contre des passagers, 44 contre des agents et le reste visant les infrastructures. Concernant le réseau des bus, 320 incidents ont été signalés en 2024, causant des dommages à 76 bus, 110 agents et 35 usagers. Durant le premier semestre 2025, 181 actes de vandalisme ont été enregistrés, affectant 73 bus, 64 agents et 19 passagers. Comment expliquer cette crise de civisme et la prolifération du fléau de la délinquance?

Malaise social?
Même si l’article 304 du Code pénal prévoit jusqu’à trois ans de prison et 1 000 dinars d’amende en cas d’actes de vandalisme contre les biens publics et que cette peine peut aller jusqu’à cinq ans de prison et 3 000 dinars d’amende si les dommages sont jugés graves, la prolifération de la délinquance, notamment chez les jeunes, ne cesse d’interpeller les spécialistes. A cet effet, l’avocat Me Houssem Eddine Ben Atiya nous a indiqué : « Les chiffres confirment malheureusement ce constat. En effet, le plus fort taux de délinquance chez les jeunes se trouve dans la tranche d’âge qui varie entre 15 et 17 ans, se répartissant entre 37% pour les vols et 32% pour les agressions violentes. D’ailleurs, les suspects arrêtés dans l’affaire de jet de pierres contre le nouveau bus mis en service récemment à la cité Ettadhamen font partie de cette tranche d’âge. Une autre étude réalisée par l’Université de Sfax a montré que le jeune délinquant est, dans la majorité des cas, de sexe masculin et sans qualification professionnelle. Les principales infractions étaient : vol (36,1%), homicide ou tentative d’homicide (25,7%), coups et blessures (11,3 %) et délits sexuels (7,3%). Sur le plan nosographique, 49,5 % avaient une personnalité antisociale et 11,3% étaient des schizophrènes. La démence au sens légal a été retenue pour 29,9%. Pis encore, le taux de récidive chez les mineurs délinquants dépasse les 30%, selon l'Association tunisienne de défense des droits des enfants. Les causes sont, par ailleurs, multiples, incluant des facteurs socioéconomiques tels que la pauvreté et le chômage, ainsi que des problèmes liés à l'environnement familial et social. Du coup, il devient urgent de se pencher sérieusement sur cette question en créant des cellules d’accompagnement et d’écoute, notamment dans les zones défavorisées. Le projet "2è chance", soutenu par l'UNICEF, qui cherche à réduire l'abandon scolaire, paraît une initiative louable qui offre des alternatives éducatives et professionnelles aux jeunes délinquants ».

M.B.S.M.

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