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Éditorial : La Syrie entre périls persistants et avenir incertain - Par Jalel HAMROUNI

 La Syrie se trouve aujourd’hui à un moment charnière de son histoire contemporaine. Après plus d’une décennie de guerre dévastatrice, le pays n’a toujours pas retrouvé ni la paix ni la souveraineté pleine et entière auxquelles aspire son peuple.

Les attaques terroristes de Daech, les provocations sionistes répétées, l’ingérence américaine et turque, ainsi que les menaces émanant des membres du régime déchu forment un enchevêtrement de dangers qui maintiennent la Syrie dans un état de fragilité chronique. Cette accumulation de crises simultanées place le pays à la croisée des chemins : soit il parvient à se reconstruire en tant qu’État souverain, soit il s’enfonce durablement dans le chaos et la fragmentation.

La résurgence de Daech constitue l’une des menaces les plus inquiétantes. Bien que l’organisation terroriste ait perdu son « califat » territorial, elle n’a jamais été totalement éradiquée. Profitant du vide sécuritaire, de la pauvreté et du désespoir, ses cellules dormantes continuent de frapper, notamment dans les régions désertiques et marginalisées. Ces attaques rappellent que le terrorisme n’est pas seulement un héritage du passé, mais un danger bien réel pour l’avenir.

Tant que les causes profondes – exclusion sociale, effondrement économique et absence d’un État fort – ne seront pas traitées, Daech et d’autres groupes extrémistes trouveront un terrain fertile pour renaître.

À cette menace interne s’ajoutent les provocations sionistes successives. Les frappes israéliennes répétées sur le territoire syrien, sous prétexte de contrer la présence iranienne ou du Hezbollah, constituent une violation flagrante de la souveraineté syrienne et du droit international. Elles contribuent à maintenir la Syrie dans une logique de confrontation permanente, empêchant toute stabilisation durable.

Ces attaques ne visent pas seulement des objectifs militaires, mais envoient un message politique clair : une Syrie affaiblie est plus facile à contrôler et à contenir dans le jeu régional.

L’ingérence étrangère, notamment américaine et turque, complique davantage la situation. La présence militaire des États-Unis dans le nord-est du pays, officiellement justifiée par la lutte contre le terrorisme, s’est traduite par un contrôle de facto de ressources stratégiques, notamment pétrolières. Cette politique prive l’État syrien de moyens essentiels pour sa reconstruction et accentue les souffrances économiques de la population.

De son côté, la Turquie poursuit ses opérations militaires dans le nord de la Syrie, invoquant la menace kurde. Ces interventions ont entraîné des déplacements massifs de civils et contribué à une fragmentation territoriale qui mine l’unité nationale syrienne.

Parallèlement, les menaces émanant des membres du régime déchu et des réseaux liés à l’ancien pouvoir alimentent l’instabilité. Loin d’avoir disparu, ces acteurs cherchent à exploiter le chaos pour préserver leurs intérêts ou préparer un retour sous une autre forme. Leur présence rappelle que la crise syrienne n’est pas seulement géopolitique, mais aussi profondément politique et sociale.

Sans un processus inclusif de réconciliation nationale et de justice transitionnelle, les blessures du passé resteront ouvertes et prêtes à se rouvrir au moindre choc.
Face à ce tableau sombre, la Syrie se trouve véritablement à la croisée des chemins. La poursuite de la logique actuelle – militarisation, ingérences étrangères et absence de solution politique globale – ne peut mener qu’à une impasse.

À l’inverse, une sortie de crise durable passe par plusieurs conditions essentielles : le respect de la souveraineté syrienne, la fin des interventions étrangères, la lutte réelle et non instrumentalisée contre le terrorisme, et surtout l’ouverture d’un dialogue politique syrien inclusif, répondant aux aspirations du peuple à la dignité, à la justice et à la liberté.

La communauté internationale porte une lourde responsabilité. Continuer à traiter la Syrie comme un simple champ de bataille pour rivalités régionales et internationales revient à sacrifier un peuple déjà exsangue. La reconstruction du pays ne peut être conditionnée à des agendas politiques externes. Elle doit avant tout répondre aux besoins urgents des Syriens : sécurité, nourriture, soins, travail et espoir.

En définitive, l’avenir de la Syrie dépendra de la capacité de ses acteurs internes et externes à tirer les leçons du passé. Le pays peut soit rester prisonnier d’un cycle de violences et d’ingérences, soit emprunter la voie difficile mais nécessaire de la souveraineté retrouvée et de la paix durable. À cette croisée des chemins, chaque décision pèsera lourdement sur le destin de toute une nation.

J.H.

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