La rentrée des classes ne s'est pas du tout passée dans le calme dans tous les établissements scolaires de Tunisie. Au-delà des ennuis coutumiers liés à l’encombrement des classes, au manque d’enseignants ou bien encore aux chantiers qui ont gâché l’ambiance de la rentrée dans beaucoup d’écoles et de lycées du pays, deux incidents majeurs ont fait polémique la semaine dernière et suscité un débat houleux dans les médias et sur les réseaux sociaux. Le premier a eu lieu dans un lycée à Hammamet où la tension a grimpé de plusieurs crans après l’interdiction par la direction de l’établissement de la prière à l’intérieur de l’établissement. Un groupe d’élèves qui était en train d’effectuer la prière dans les vestiaires a été forcé de quitter les lieux et de s’engager à ne plus prier à l’intérieur du lycée. L’affaire a vite fait boule de neige divisant l’opinion publique sur la bonne manière de gérer la pratique religieuse au sein des établissements éducatifs. Le deuxième incident a commencé par une simple mésentente entre la directrice d’un lycée à Nabeul et la mère d’une élève exclue pour avoir manqué de discipline en classe. Les choses ont mal tourné par la suite avec une levée de bouclier d’un grand nombre d’élèves apparus dans une vidéo partagée sur Facebook en train de scander des slogans contre la directrice de leur lycée et demandant sa destitution.
Deux incidents ayant pour dénominateur commun le non-respect de la conformité réglementaire, c’est-à-dire un code de conduite définissant les droits et devoirs de chacun des membres intervenant au sein de la communauté scolaire. Il s’agit du Règlement Intérieur qui s’impose à tous les acteurs intervenant directement ou indirectement dans l’opération éducative, à savoir les élèves, les enseignants, le personnel administratif et les parents. C’est un contrat qui énonce clairement les droits et les obligations liant l’élève et sa famille à l’école et qui conditionne, de ce fait, le climat scolaire pour l’ensemble des acteurs en déterminant les règles de vie collective s’appliquant à chacun au sein de l’école. Mais hélas, il semble qu’une telle charte n’existe dans aucune école, collège ni lycée public en Tunisie. Tapez «règlement intérieur des écoles en Tunisie» dans un moteur de recherche et vous allez tomber sur des dizaines de réponses qui concernent, toutes, des établissements éducatifs régis par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). En France comme dans la plupart des pays, la haute autorité chargée du domaine scolaire, en l’occurrence le ministère de l’Education, impose à tous les établissements éducatifs sous sa tutelle que le règlement intérieur soit porté à la connaissance de tous les membres de la communauté scolaire avant la rentrée scolaire. Il doit être remis à chaque élève lors de l'inscription ou bien au premier jour de la rentrée des classes et également affiché dans l'établissement.
L’adoption d’un règlement intérieur qui fait office d’une charte ou d’un cadre de vivre ensemble au sein de l’école s’avère plus que jamais nécessaire pour une éducation nationale au bord du naufrage. Une charte de vie scolaire n’est point une simple formalité, mais elle est indispensable pour redéfinir les droits et les devoirs de chacun et tracer les limites infranchissables pour préserver à la fois la discipline et la sécurité au sein de l’école. Parce que sans règles claires, c’est le désordre qui règne. Nul n’est alors censé ignorer les dispositions du règlement intérieur qui encadre les comportements et définit les sanctions aux contrevenants dans l’unique but d’offrir les meilleurs conditions d’apprentissage aux élèves et leur inculquer le civisme et le respect, deux principes fondamentaux du vivre ensemble.
H.G.