Au total, seize courts-métrages rythmeront la 13ᵉ édition du Festival national du court-métrage, un rendez-vous initié et organisé par l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC).
Du cinéma en format court, mais aux ambitions grandes : c’est tout le pari de la nouvelle édition de « Tunis Tout Court », un événement entièrement dédié au court-métrage tunisien, prévu les 3, 4 et 5 octobre prochains, à la Maison de la culture Ibn Rachiq.
Cet événement se veut un espace de reconnaissance, d’échange et de structuration pour un format longtemps marginalisé. Projections, rencontres professionnelles, débats critiques, séminaires et remises de prix : tout est réuni pour faire de cette édition un moment fort de la scène cinématographique nationale.
« Installé au cœur de la capitale, à la Maison de la culture Ibn Rachiq, le festival mise sur un ancrage urbain et populaire, au plus près du public. Il met en lumière les courts-métrages les plus marquants des saisons 2023 et 2024, révélant la richesse des écritures émergentes et la vitalité d’une génération de cinéastes en quête de renouveau, d’expérimentation et d’expression libre. C’est aussi une occasion de revenir sur certains courts qui ont marqué les annales du cinéma tunisien », a précisé, lors d’un point de presse, Ons Kamoun, Présidente de l’ATPCC, chercheuse, universitaire et cinéaste.
Elle a souligné que cette manifestation est relancée après de longues années d’éclipse, avec pour objectifs de valoriser le court-métrage comme laboratoire d’innovation formelle et narrative, souvent relégué en marge de l’industrie, de stimuler l’écosystème professionnel en favorisant les échanges entre cinéastes, producteurs, distributeurs, critiques et programmateurs, et enfin de plaider pour des politiques culturelles inclusives, où le court-métrage trouve une place stable dans les dispositifs de production, de diffusion et d’archivage.
Souhaitant à la fois redonner à l’ATPCC son aura d’antan, faire dialoguer différentes générations de critiques, journalistes, universitaires, producteurs et cinéastes, et combler un vide dû à la disparition de nombreux festivals dédiés au genre, ainsi qu’à l’absence de circuits de diffusion, « Tunis Tout Court " fait peau neuve après six années d’hibernation forcée.
Créé en 2005, ce festival revient avec trois jours de programmation intensive, alliant projections, débats et créations de contenu.
Pour cette édition de relance, deux compétitions sont au programme : l’une consacrée aux films alors que l’autre est dédiée aux articles de presse traitant de films tunisiens ou de l’écosystème cinématographique national.
«Quatre prix seront remis lors de la cérémonie de clôture : Meilleure réalisation, Meilleur scénario, Meilleure contribution technique et Meilleure interprétation.
Afin d’encourager l’écriture sur et pour le cinéma, deux autres prix récompenseront la critique : Le Prix du meilleur article critique 2023–2024 et le Prix du meilleur article critique écrit pendant le festival.
« Ces distinctions mettent en valeur la qualité d’analyse, la justesse du regard et l’engagement intellectuel, affirmant le rôle essentiel de la critique dans la vie culturelle et dans l’accompagnement des œuvres », a ajouté la présidente de l’ATPCC.
Former les regards, penser l’image
Au-delà des projections et compétitions, "Tunis Tout Court" affirme une ambition pédagogique forte en initiant des ateliers d’écriture critique destinés aux jeunes plumes. L’objectif est de former une nouvelle génération de critiques, capables d’aborder le cinéma avec rigueur, indépendance et passion. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large de structuration du secteur du court-métrage tunisien, intégrant toutes ses composantes- des créateurs aux spectateurs, en passant par les analystes.
Dans cette même dynamique, un séminaire et un atelier mettent en lumière une dimension fondatrice mais souvent négligée du cinéma tunisien : l’adaptation littéraire, notamment dans le format court. Sous le thème « Aux origines du court-métrage tunisien : l’adaptation littéraire comme geste premier », critiques, chercheurs et cinéastes revisitent l’histoire du cinéma national, depuis les années 1960-1970, où les premières œuvres s’inspiraient des nouvelles d’auteurs tels qu’Ali Douagi.
L’atelier critique associé, « L’adaptation comme matrice du cinéma tunisien », permettra à une dizaine de jeunes participants, encadrés par des figures du cinéma et de l’université tunisienne, d’analyser un corpus de courts-métrages adaptés de textes d’auteurs locaux. Une initiative qui confirme le rôle du festival comme incubateur de talents et de pensée critique, et comme acteur central d’un cinéma tunisien en pleine effervescence.
Soucieuse également de préserver la mémoire cinématographique, l’ATPCC prépare la publication d’ouvrages collectifs allant dans le même sens. L’un d’eux sera présenté lors des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), prévues du 13 au 20 décembre 2025.
Plus qu’un simple retour sur le passé, ces rencontres proposent une lecture dynamique et critique de l’adaptation, en tant que pratique toujours vivante et structurante du cinéma tunisien. Dans un paysage audiovisuel en pleine mutation, où les voix nouvelles se multiplient, "Tunis Tout Court" s’affirme comme un espace essentiel de réflexion, de transmission et de création.
Imen.A.
Encadré
Les 16 films sélectionnés
- « Leni Africo »de Marouene Labib
- « Pasteur Street » de Mohamed Ismail Louati
- « Where is Diana » de Samy Chaffai
- « Makun » de Fares Naanaa
- « Le sentier de Isha » de Selma Hobbi
- « Loading » de Anis Lassoued
- « In Three Layers of Darkness » de Houcem Slouli
- « Aucun numéro » de Hiba Dhaouadi
- « Kamikaze » de Hassen Marzougui
- « Le chemin de l’oubli » de Ali Marwen Chekki
- « To be » de Ghassen Gacem
- « The Carob Tree » de Imed Methneni
- « BetweenTwo Worlds » de Hedia Ben Aicha
- « Flesh and Blood » de Inès Arsi
- « Le monde est petit » de Bilel Bali
- « Fragments of life » de Anis Ben Dali