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Chaque famille autorisée à importer sa voiture : Les avantages et les incontinents de ce privilège

Par Myriam BEN SALEM-MISSAOUI


Chaque famille tunisienne a désormais le droit d’importer une voiture de l’étranger au tarif d’origine. Quels sont les avantages et les inconvénients de cette nouvelle mesure adoptée par l’ARP mardi dernier ?


Les commissions des finances et du budget ont approuvé mardi dernier un amendement autorisant chaque famille tunisienne à importer une voiture de l’étranger au tarif d’origine. Cette mesure, adoptée à l’unanimité par les députés, permettra aux Tunisiens d’importer ou d’acquérir une voiture à son prix d’usine, une seule fois dans la vie. Rejetée une première fois lors de l’examen du projet de loi de finances pour l’exercice de 2025, finalement le nouveau texte a été adopté après avoir été modifié.

Selon le vice-président de la commission des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Issam Chouchane : « Plusieurs amendements ont été introduits afin d’assouplir le texte : limitation de l’âge de la voiture, puissance fiscale (nombre de chevaux), cylindrée, et surtout redéfinition du critère de « membre d’une famille » bénéficiaire. Désormais, une seule personne par foyer pourrait en bénéficier ».

Et d’ajouter : « Un citoyen n’ayant pas les moyens de procéder lui-même à l’importation pourrait acheter une voiture déjà importée, bénéficiant des mêmes exonérations fiscales, auprès d’un importateur. Des critères liés au revenu pourraient aussi être pris en compte dans la nouvelle version ». Quel est, par ailleurs, l’impact de cette mesure sur le marché automobile en Tunisie et quels sont ses avantages et ses inconvénients ?

Pour le vice-président de la commission des finances au Parlement : « Dans sa forme actuelle, cette mesure n’affecte pas l’équilibre budgétaire de l’État. Au contraire, il pourrait générer de nouvelles recettes fiscales indirectes pour l’État ». De son côté, l’expert en économie et en finances Mohamed Salah Jennadi  nous a confié : « A mon avis, c’est le financement de l’achat de cette voiture qui va poser un vrai problème.

Comment le Tunisien moyen va avoir de l’argent en devises pour acheter cette voiture d’autant que la loi des changes n’autorise pas actuellement les Tunisiens à acheter en devises… ».

Infrastructure inadaptée…

L’autre problème qui interpelle les spécialistes porte sur l’impact de cette nouvelle mesure sur l’environnement et la circulation routière. « Déjà, nous sommes classés le cinquième pays le plus engorgé par le trafic routier, cette nouvelle mesure va aggraver encore la situation avec des embouteillages monstres avec leur lot de désagréments aussi bien au niveau de la santé qu’au niveau de l’économie », nous dira l’expert en mécanique auto, Hatem Mathlouthi.

Et d’ajouter : « A mon avis, avec cette nouvelle mesure, le nombre de véhicules va tripler. Actuellement, un Tunisien sur trois possède une voiture. Dans un futur très proche, nous aurons 2 Tunisiens sur trois qui seront propriétaires de leurs voitures. En chiffres, le parc actuel est estimé à 2.3 millions de véhicules et il sera doublé dans les prochains mois avec l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure.

L’autre impact est d’ordre énergétique et environnemental. Le transport accapare en Tunisie près de 36% du total de l'énergie finale consommée et contribue de 26% aux émissions des gaz à effet de serre. Ces chiffres vont, également, doubler dans les prochains mois. Personnellement, j’aurais souhaité que le législateur ait réservé ce privilège uniquement et exclusivement à la voiture électrique, excluant les véhicules fonctionnant aux énergies classiques.

On fera ainsi d’une pierre deux coups, à savoir : maîtriser les dépenses énergétiques et réduire les émissions des gaz à effet de serre en plus bien évidemment de la limitation de la nuisance sonore, notamment dans les villes et pendant les embouteillages ».

M.B.S.M.

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